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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/547

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QUITTE POUR LA PEUR.

TRONCHIN (tenant le pouls de la ducbesse).

Vous savez l’histoire qui court sur la présidente, n’est-il pas vrai, madame ?

LA DUCHESSE.

Eh ! mon Dieu, non, je ne m’informe point d’elle.

TRONCHIN.

Eh ! pourquoi ne pas vouloir vous en informer ? Vous vivez par trop détachée de tout aussi. — Si j’osais vous donner un conseil, ce serait de montrer quelque intérêt aux jeunes femmes de la société dont l’opinion pourrait vous défendre, si vous en aviez besoin un jour ou l’autre.

LA DUCHESSE.

Mais j’espère bien n’avoir nul besoin d’être défendue, monsieur.

TRONCHIN.

Ah ! madame, je suis sûr que vous êtes bien tranquille au fond du cœur ; mais je trouve que vous me faites appeler bien souvent depuis quelques jours.

LA DUCHESSE.

Je ne vois pas, docteur, ce que vos visites ont de commun avec l’opinion du monde sur moi.

TRONCHIN.

C’est justement ce que me disait la présidente, et elle s’est bien aperçue de l’influence d’un médecin sur l’opinion publique. — Je voudrais bien vous rendre aussi confiante qu’elle. — Je l’ai tirée, ma foi, d’un mauvais pas ; mais je suis discret et je ne vous conterai pas l’histoire, puisque vous ne vous intéressez pas à elle. — Point de fièvre, mais un peu d’agitation… restez, restez… ne m’ôtez pas votre main, madame.

LA DUCHESSE.

Quel âge a-t-elle la présidente ?

TRONCHIN.

Précisément le vôtre, madame. Ah ! comme elle était inquiète, son mari n’est pas tendre, savez-vous ? Il allait, ma foi, faire un grand éclat. Ah ! comme elle pleurait ! mais tout cela est fini à pré-