par tout le corps. Je la regardai ; elle baissa les yeux. Je mis mon cheval au pas et je marchai près d’elle.
Le général m’invita à retourner à sa campagne, pour laquelle sa femme et lui partaient dans quelques jours ; il insista d’autant plus, que nous ne possédions plus la nôtre. Je refusai. Caroline se retourna de mon côté : « Venez donc ! » me dit-elle. Jusque-là je ne connaissais pas sa voix ; je ne répondis rien, et je tombai dans une rêverie profonde : ce n’était pas la même femme que j’avais vue il y avait un an.
Elle se retourna vers son mari.
— Monsieur craint de s’ennuyer chez nous, dit-elle ; autorisez-le donc à amener un ou deux amis, cela le décidera peut-être.
— Pardieu, répondit le général, il est bien libre. — Vous entendez ? me dit-il.
— Merci, général, répondis-je sans trop savoir ce que je disais ; mais j’ai des engagemens…
— Que vous préférez aux nôtres, dit Caroline… c’est aimable. Elle accompagna ces mots de l’un de ces regards pour lesquels, il y avait un an, j’aurais donné ma vie.
J’acceptai.
J’avais continué de voir à Paris ce jeune homme que j’avais connu à Florence. Il vint chez moi la veille de mon départ, et me demanda où j’allais. Je n’avais aucune raison de le lui cacher. — Ah ! me dit-il, c’est bizarre : peu s’en est fallu que je ne sois des vôtres.
— Vous connaissez le général ?
— Non, un de mes amis devait m’y présenter ; mais il est au fond de la Normandie pour recueillir l’héritage de je ne sais quel oncle qui lui est mort : cela me contrarie d’autant plus que, vous allant à cette campagne, c’était une véritable partie de plaisir pour moi de vous y trouver.
Je me rappelai alors l’offre que m’avait faite le général, de me faire accompagner par un ami.
— Voulez-vous que je vous y conduise ? dis-je à Emmanuel.
— Êtes-vous assez libre dans la maison pour cela ?
— Oh ! tout-à-fait.
— J’accepte alors.
— C’est bien ! Soyez prêt demain à huit heures, j’irai vous prendre.