chand de musique ; j’avais, lui dis-je, quelques romances à acheter. Elle prit un morceau de papier, écrivit cette adresse et me le donna. Je n’avais pas besoin d’autre chose.
Je fis seller mon cheval, au lieu de prendre mon tilbury ; il me fallait aller vite. Caroline vint sur le perron pour me voir partir. Tant qu’elle put m’apercevoir, j’allai au pas ; puis, arrivé au premier détour, je lançai mon cheval ventre à terre ; je fis dix lieues en deux heures.
En arrivant à Paris, je passai chez le banquier de ma mère. J’y pris 30,000 fr.; de là, je me rendis chez Emmanuel. Je demandai son valet de chambre, on le fit venir. Je fermai la porte sur nous deux, et je lui dis :
— Tom, veux-tu gagner 20,000 fr.?
Tom ouvrit de grands yeux.
— 20,000 fr.? dit-il.
— Oui, 20,000 fr.
— Si je veux les gagner, moi ?… certainement que je le veux !…
— Ou je me trompe, repris-je, ou tu ferais pour moitié de cette somme une action une fois plus mauvaise que celle que je vais te proposer. — Tom sourit.
— Monsieur ne me flatte pas, dit-il.
— Non, car je te connais.
— Parlez donc, alors ?
— Écoute. — Je tirai de ma poche l’adresse que m’avait donnée Caroline, et je la lui montrai. — Ton maître reçoit des lettres de cette écriture ? lui dis-je.
— Oui, monsieur.
— Où les met-il ?
— Dans son secrétaire.
— Il me faut toutes ces lettres. Voilà 5,000 fr. d’avance. Je te donnerai les 15,000 autres, lorsque tu m’apporteras la correspondance.
— Et où monsieur va-t-il m’attendre ?
— Chez moi.
Une heure après, Tom entra.
— Voilà, monsieur, me dit-il, en me présentant un paquet de lettres.
— Je comparai les écritures, elles étaient pareilles… Je lui remis