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REVUE DES DEUX MONDES.

BESTIA

Encore un obstacle !

VERCINGETORIX

C’est par trop de faiblesse.

BESTIA, prenant le flacon.

Mourons tout simplement.

VERCINGETORIX

Bois, cela ne fait point de mal.

BESTIA

Tu devrais y goûter d’abord.

VERCINGETORIX

Non, maître, cela est trop doux pour moi, esclave !

BESTIA, tenant le flacon.

Jupiter, je t’invoque ! (Il boit.) Vercingetorix, n’oublie pas mon souper chez Pluton.

VERCINGETORIX

Dernier soupir d’un sénateur romain !

BESTIA

Vercingetorix, merci, je ne souffre pas… Approche mon lit !… (Il se couche.) Bien… ma tête s’alourdit… mon ventre se gonfle, je suis comme après dîner… Voilà maintenant mes yeux qui se troublent… Je te vois encore… Quelle confusion dans mes idées !… Quelle faiblesse… ! (Il étend les bras et bâille.) Couvre-moi du manteau des morts. (Vercingetorix étend un manteau sur Bestia.)

VERCINGETORIX

Le breuvage agit déjà, il dort.

BESTIA

Me voilà sur le chemin des enfers… je suis à la porte… j’entre… Ah ! quel affreux endroit ! quelles ténèbres !… Cerbère, tiens mon gâteau… Caron, prends mon obole… Je suis enterré, je suis mort !

(Il se met à ronfler.)
VERCINGETORIX

Il ronfle à réveiller un mort.


Scène VIII.


Les Mêmes, CÉSAR.
CÉSAR.

Quel vide ici ! Où sont les conjurés ?