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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/186

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ce que peu de critiques ont fait. Si l’on tolère encore dans ce pays les élans d’une imagination exaltée, nous en devons rendre graces à John Wilson.


Sir Walter Scott contribua beaucoup au Quarterly Review : ses articles sont nombreux et pleins de remarques profondes, entremêlées d’anecdotes historiques et biographiques. Quelques-unes, tels que l’examen de Salmonia et de la Vie de John Home, sont dignes de figurer dans une biographie, tant ils ressemblent peu à une critique ordinaire ; ils offrent un mélange si heureux de sérieux et de comique, qu’on aime à les relire jusqu’à ce qu’on les sache par cœur. Il donne à ses travaux de critique tout l’intérêt qu’on cherche d’ordinaire dans les mémoires et dans les romans, il les assaisonne du commérage littéraire de sa jeunesse, et esquisse les grands hommes de la capitale de l’Écosse de manière à faire revivre le temps des Hume, des Home, des Robertson et des Blair. Les premiers morceaux fournis au Quarterly par Scott tiennent plus du genre critique que les derniers ; dans son examen des Reliques of Burns, il émet, sur le mérite de cet illustre paysan, une opinion que nous ne pouvons partager, et publie des anecdotes douteuses, qui assombrissent le récit déjà si triste de la courte carrière dut poète.


Les morceaux fournis par Robert Southey sont d’un genre particulier. Il évite autant que possible tout contact immédiat avec l’ouvrage qu’il critique ; mais il fait connaître son opinion par un millier d’allusions et de parallèles tirés de l’histoire ou de la nature. Il plaît et il instruit en même temps ; peu de personnes l’égalent en savoir ; nul ne possède comme lui une connaissance profonde de la littérature de son pays et des littératures étrangères ; il joint à toutes ces qualités un fonds inépuisable d’esprit, et la plus féconde comme la plus vive imagination. Quoiqu’il évite de se montrer sévère dans les jugemens qu’il porte, quoique son naturel soit doux et inoffensif, il ne faut pas imaginer qu’il n’y ait rien de satirique en lui ; il est mordant et ironique quand il veut l’être ; lorsqu’il est frappé, il frappe à son tour ; il ne se contente pas alors de lancer quelques éclairs d’ironie. Il martyrise sa victime en lui prouvant ses torts ; et, après l’avoir ainsi flagellée jusqu’au vif, il enduit ses blessures d’acide nitrique et d’huile de vitriol. Ces terribles exécutions n’ont lieu que rarement et à la suite de puissantes provocations : le véritable génie n’a rien à redouter de Southey.


Il existe d’autres recueils périodiques qui contiennent des morceaux d’un mérite peu commun : l’Atlas, le Spectateur, l’Examiner, et le Scotsman, quoique parfois trop vifs et trop sévères, sont au-dessus de la classe or-