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d’épouser la mère de Santillane, il avait été marié en premières noces à Marie de Castille, fille du roi Henri ii, et sœur de Jean Ier. Le jeune Santillane n’avait pas encore accompli son second lustre qu’il resta orphelin de père et de mère ; il fut élevé sous la tutelle de sa tante, Jeanne de Mendoza. À l’âge de seize ans, il avait terminé son cours d’éducation, et il avait appris la langue latine, la rhétorique, les belles-lettres, la philosophie et l’art de la poésie. C’est alors qu’on commence à le voir figurer sur la scène du monde, dans la chronique de Jean ii. Il assiste en 1414 au couronnement du roi d’Aragon à Saragosse. Dans la lutte entre les infans d’Aragon, Jean et Henri, pour s’emparer de l’esprit du jeune roi de Castille, Jean ii, et des rênes du gouvernement, Santillane prend le parti de don Henri. En 1433, il figure comme tenant d’une joûte fameuse qui eut lieu à Madrid. En 1457, il est désigné pour jurer et signer un traité solennel entre le roi de Castille et Alphonse, roi d’Aragon. Il fut ainsi chargé, en différentes circonstances, de remplir des missions importantes et honorables, et il s’en acquitta toujours avec autant de discrétion que d’habileté. Il aida le prince don Henri, fils de Jean ii, à rendre à son père la liberté dont l’avait privé le roi de Navarre. Il s’unit à la plupart des grands du royaume pour mettre un terme à l’altière ambition du connétable don Alvaro de Luna, favori de Jean ii. À la mort de ce roi, lorsque Henri iv succéda à son père, Santillane, obéissant volontiers à l’usage, se présenta, accompagné de quatre de ses fils, pour baiser la main de ce prince, auquel il était attaché par les liens d’une franche amitié. Dans une assemblée des cortès, où Henri iv proposa de presser la chute du royaume chancelant des Maures de Grenade, le suffrage universel désigna le marquis de Santillane pour porter la parole, et l’éloquence de son discours valut au roi les offres de service de tous les députés. Un constant dévouement au bien public honore la vie politique de cet homme de tête et de cœur. Si sur les champs de bataille, où son sang coula pour sa patrie, sa prudence ne fut pas toujours irréprochable, sa valeur n’en fut que plus brillante. Il en jeta le poids dans la balance de ce combat de huit siècles que la victoire allait bientôt terminer en couronnant la persévérance du courage dans Grenade reconquise. C’est en reconnaissance de ses exploits militaires que Jean ii le fit marquis de Santil-