son excellent ouvrage de Sacra poesi Hebroeorum, Lowth, après avoir réfuté victorieusement le système métrique de Hare, propose de détruire toute autre hypothèse tendant à fonder un système quelconque de métrique hébraïque, en lui opposant une hypothèse diamétralement contraire, appuyée sur des argumens non moins spécieux. Mais l’essence de la poésie est indépendante de la forme métrique qu’elle revêt, et le rhythme poétique des psaumes, qui consiste pour nous en une sorte de parallélisme, en une certaine symétrie entre l’un et l’autre hémistiche de chaque vers, se retrouve, bien qu’altéré, jusque dans le texte de la Vulgate. Le premier psaume dont la mémoire fournit le souvenir en peut servir d’exemple :
In exitu Israel de Ægypto, — domus Jacob de populo barbaro.
Facta est Judaea sanctificatio ejus, — Israel potestas ejus.
Mare vidit et fugit : — Jordanis conversus est retrorsum.
Santillane glisse très légèrement sur les Grecs et les Romains pour arriver à la poésie moderne, dont l’origine lui paraît inextricable. Je n’ai pas besoin de faire remarquer combien est incomplète et confuse sa revue des poètes italiens, provençaux, français, limousins, catalans, valenciens et aragonais. Mais lorsqu’il motive pourquoi il préfère les Italiens aux Français sous tel rapport, et pourquoi les Français aux Italiens sous tel autre, son tact n’est-il pas sûr, son appréciation n’est-elle pas judicieuse, et l’autorité du goût général ne confirme-t-elle pas aujourd’hui encore l’opinion qui, tout en admirant un génie plus ardent, une imagination plus féconde dans les chants des troubadours italiens que dans ceux de nos trouvères, n’en accorde pas moins à ceux-ci le mérite de n’avoir pas brillé aux dépens de l’art, c’est-à-dire au détriment de la vérité ? Soit ignorance, soit oubli, quoique cette seconde supposition ne semble guère admissible, arrivé à l’examen historique de la poésie castillane, l’auteur de la préface ne prend pas pour point de départ le poème du Cid, et il est vraisemblable qu’il n’a pas connu le plus ancien monument, selon toutes les apparences, de la littérature de son pays. S’il ne prononce pas non plus le nom de Gonzalo de Berceo, poète castillan