dans ce poème tous les élémens hormis l’élément humain. Il a fallu des ressources multipliées, des secrets imprévus, pour dissimuler pendant quatre mille vers l’absence du cœur et de la réflexion. À la place de la poésie vous avez mis la peinture et la musique, ou plutôt de la peinture et de la musique vous avez fait une poésie nouvelle, sans larmes et sans rêveries, mais douce et nonchalante, pleine de murmures harmonieux et de lointaines perspectives : dans l’ivresse des sens on oubliait de penser.
Dans les Feuilles d’automne, l’artiste demeure et l’homme paraît. Comme pour vous reposer de votre capricieux pélerinage, vous redescendez en vous-même. Vous étudiez patiemment au fond de votre conscience vos douleurs de jeunesse, les joies sereines de votre virilité, vos inquiétudes paternelles, vos ambitions éteintes et renaissantes. Voilà pourquoi je préfère ce dernier recueil à ses aînés.
Parfois, il est vrai, il m’arrive de regretter l’avare sobriété de vos épanchemens. Où je voudrais entendre le cri de l’ame, je trouve encore l’esprit amoureux de ses fantaisies, plus occupé de la gloire que de la vérité. Mais que sont mes reproches en présence des beautés profondes, des traits ineffaçables que vous avez gravés au fronton de votre dernier temple ? C’est le plus humain, le plus vrai, le plus grand de tous.
Et maintenant, mon ami, voici que nous avons achevé le cercle entier de la poésie lyrique, voici que nous avons épuisé la liste glorieuse ; quel sera donc, dites-le-moi, le roi de cette poésie ?
Lorsque Cinq-Mars parut, il y a huit ans, je crois, il n’y eut qu’une voix sur le mérite du style et l’intérêt dramatique de ce beau roman. On était las de tous les pastiches inspirés par Ivanhoe. Cinq-Mars offrait aux lecteurs de France une fable dont les personnages principaux appartenaient à l’histoire, mais qui pourtant n’avait rien de commun avec le type connu du roman historique. Pour le public des salons, c’était le début de l’auteur, car ses poèmes, éparpillés en fragmens, n’étaient guère familiers qu’à ceux qui étudient jour par jour le renouvellement de l’imagination.
Aussi, comme il arrive en de pareilles occasions, la gloire person-