faire. S’ils échouent dans quelque projet, ils le remplacent par d’autres espérances, et complètent ainsi ce qui leur manque. Seuls, les Athéniens obtiennent et espèrent obtenir ce qu’ils ont conçu, parce qu’ils exécutent rapidement ce qu’ils ont résolu ; et c’est au milieu des peines, des dangers, durant toute la vie, qu’ils poursuivent ces travaux pénibles. Ils jouissent très peu de leurs biens par l’envie d’acquérir toujours, croyant qu’il ne peut y avoir d’autre fête que d’accomplir leurs devoirs, et qu’un repos inoccupé n’est pas un moindre malheur qu’une activité laborieuse. Enfin, si l’on disait en peu de mots qu’ils sont nés, et pour n’avoir pas eux-mêmes de repos, et pour n’en pas laisser aux autres, ce serait la vérité. » Les voilà jetés sur la scène, les acteurs du drame sont-ils assez vivans ?
Il y avait à Sparte des députés d’Athènes qui étaient venus pour d’autres affaires : instruits de ce qui s’agitait dans l’assemblée, ils crurent devoir s’y présenter, non pour répondre aux accusations portées contre Athènes, mais pour démontrer généralement qu’il ne fallait pas se hâter de prendre un parti en de si graves conjonctures, et qu’il importait d’y réfléchir avec maturité. Nouvelle harangue où sont développés les mérites et les qualités d’Athènes. Les Lacédémoniens, après avoir entendu tous les discours, firent retirer les étrangers et délibérèrent ensemble. Comme le plus grand nombre opinait à une guerre immédiate contre Athènes, on vit se lever le roi Archidamus qui conseilla la lenteur et la réflexion : son discours ajoute à la peinture du caractère des Lacédémoniens. Mais Stenelaïdas, un des éphores, déclara ne rien entendre aux longs discours des Athéniens ; ils se vantent beaucoup, dit-il, et ne se justifient pas : votez la guerre, Lacédémoniens, d’une manière digne de Sparte. L’issue de la délibération fut de déclarer que l’assemblée jugeait les Athéniens coupables, mais qu’elle voulait appeler tous les alliés à donner leurs suffrages sur la paix ou la guerre. Si les Lacédémoniens décrétaient ainsi la rupture des traités, ils cédaient moins aux instances des alliés qu’à la terreur inspirée par les progrès toujours croissans de la puissance athénienne. Or voici comment s’étaient élevées les prospérités d’Athènes.
Par cette transition simple, Thucydide se rejette dans le passé :