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COSMOGRAPHIE.

doxe[1]. Il serait difficile de dire toutes les subtilités auxquelles on eut recours pour appuyer une telle disposition, et la rendre un peu moins singulière[2]. Une des moins mauvaises explications qu’on imagina, fut que la divine sagesse ayant besoin de pluie pour la vie des hommes et des plantes, elle ne pouvait rien inventer de plus commode que cette couche d’eau, dont elle ménageait la chute selon le besoin de ses créatures[3].

D’autres, comme saint Basile et saint Isidore[4], pensèrent que Dieu avait voulu tempérer l’ardeur de la région éthérée par la froideur des eaux du ciel, ou bien empêcher que le monde inférieur ne fût brûlé par les feux qui embrasaient la partie supérieure de l’univers[5]. C’est encore là un souvenir de l’ancienne philosophie païenne. On a vu plus haut que l’olympe de Philolaüs était cette matière ignée, placée à l’extrémité supérieure de l’univers[6] : Parménide[7], Héraclite, Straton[8], et les stoïciens, croyaient que l’éther, ou la partie la plus élevée du monde, était une matière enflammée[9] par la rapidité du mouvement diurne[10] ; Anaxagore surtout s’était attaché à cette opinion[11], et l’on tirait même de

  1. Auctor quæst. et respons. 93, p. 449 B. C. — Theophil. ad Autolyc. ii, 9.
  2. Cf. Lud. Vives ad S. Aug. Civ. Dei, xi, 34, p. 1114. — Cf. S. Justin Martyr, l. i.
  3. S. Cyrill. Hierosol. Cathech. ix, p. 76. B. C. — Ailleurs, S. Cyrille donne une autre raison (p. 17. B.) qui n’est pas beaucoup meilleure.
  4. Ap. Lud. Viv. in S. Aug. l. i. — Cf. Auctor quæst. et respons. 93, p. 448.
  5. « Cujus scilicet naturâ artifex mundi Deus aquis temperavit, ne conflagratio superioris ignis inferiora elementa succenderet. Isid. ap. Vinc. Bellov. Spec. mundi, iii, 82.
  6. Carus, Ideen zur Geschichte der Philosophie, p. 288.
  7. Stob. Eclog. phys. p. 500, ed. Heer.
  8. Diog. Laert. vii, 137.
  9. Arist. Meteor. i, 3, p. 530. A. et alibi. — Pseudo-Arist. de mundo, ii, 5, ibi Kapp.
  10. id. de cœlo, ii, 7, p. 460. A.
  11. Carus, de font. Anax. Cosmo-Theor. p. 711.