Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 2.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
REVUE DES DEUX MONDES.

Qui pour loger ses petits
Fit un p’tit
Nid.

et disait à son amant :

Aimez, aimez-moi, mon p’tit roi !

et comme il était assis sur la fenêtre, elle avait peur que son père endormi ne se réveillât et ne vît Colas, et elle changeait le refrain de sa chanson et elle disait :

Ah ! r’montez vos jambes, car on les voit.

J’eus un frisson extraordinaire par tout le corps quand je vis à quel point cette Rose ressemblait à Pierrette. C’était sa taille, c’était son même habit, son trousseau rouge et bleu, son jupon blanc, son petit air délibéré et naïf, sa jambe si bien faite et ses petits souliers à boucles d’argent avec ses bas rouges et bleus.

Mon Dieu, me disais-je, comme il faut que ces actrices soient habiles pour prendre ainsi tout de suite l’air des autres ! Voilà cette fameuse Mlle Colombe, qui loge dans un bel hôtel, qui est venue ici en poste, qui a plusieurs laquais, et qui va dans Paris, vêtue comme une duchesse, et elle ressemble autant que cela à Pierrette !… mais on voit bien tout de même que ce n’est pas elle. Ma pauvre Pierrette ne chantait pas si bien, quoique sa voix soit au moins aussi jolie.

Je ne pouvais pas cependant cesser de regarder à travers la glace, et j’y restai jusqu’au moment où l’on me poussa brusquement la porte sur le visage. La reine avait trop chaud et voulait que sa loge fût ouverte. J’entendis sa voix ; elle parlait vite et haut.

— Je suis bien contente, le roi s’amusera bien de notre aventure. M. le premier gentilhomme de la chambre peut dire à Mlle Colombe qu’elle ne se repentira pas de m’avoir laissé faire les honneurs de son nom. — Oh ! que cela m’amuse !

— Ma chère princesse, disait-elle à Mme de Lamballe, nous avons attrapé tout le monde ici. Tout ce qui est là fait une bonne action sans s’en douter ; voilà ceux de la bonne ville d’Orléans enchantés