Viens, don Juan !
Avouez que c’était un magnifique enjeu,
Anna contre don Juan ; la partie était belle,
Et long-temps a penché pour l’archange rebelle.
Elle est gagnée enfin et tout retourne à Dieu.
L’enfer pleure et gémit, le ciel est calme et bleu,
La terre se réveille, et la troupe fidèle
Chante son hosannah ! Satan, à tire d’aile,
Regagne tout confus ses royaumes de feu.
Comme il va se venger sur sa triste famille !
Comme il va séparer la mère de la fille,
Le frère de la sœur, la femme de l’époux !
Que d’ames vont se fondre en pleurs intarissables !
Oui, le joueur qui perd rend les siens responsables.
Compagnons de Satan, trois fois malheur à vous !
Salut, terre ! salut ! comme te voilà fraîche et renouvelée ! comme tes vallons aspirent la vie à pleins calices, comme ta belle gorge frissonne, ondule et palpite sous sa triple ceinture de par-