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DERNIÈRE


RÉVOLUTION DU PÉROU.

Vous m’avez souvent prié, mon ami, de tenir la Revue au courant des affaires politiques de ce pays, et depuis bientôt huit ans que je l’habite, c’est la première fois que je réponds à vos désirs. Depuis ces huit ans, en effet, sauf quelques démêlés avec nos voisins de la Colombie et de Bolivia, démêlés qui n’altéraient en rien notre repos à l’intérieur, nous avons joui d’une tranquillité passable. L’apathique Lima, engourdie sous son ciel toujours serein, tout entière à ses jouissances sensuelles qui en ont fait la Gomorrhe de l’Amérique, pouvait, à la distance où vous en êtes, paraître sage et heureuse en comparaison de ses sœurs les autres républiques. Mais aujourd’hui son tour est venu : le démon de l’anarchie, qui a élu son domicile à Buenos-Ayres et au Mexique, est en ce moment au milieu de nous, et Dieu sait quand il nous quittera. En vous racontant nos exploits, je ne crains qu’une chose, c’est que vous n’y preniez nul plaisir : nos héros sont de très chétifs personnages ; ils n’ont rien à s’envier les uns aux autres en fait de talens et de patriotisme, et vous ignorez probablement jusqu’à leurs noms. Nos armées et leur valeur sont aussi à la taille de nos héros,