par l’immortel auteur de la cérémonie du Malade imaginaire et du Bourgeois gentilhomme.
Enfin le peuple, non moins que le sacerdoce et la royauté, s’est montré de tous temps avide des plaisirs scéniques. Quand il n’a pu avoir de comédiens à lui, le peuple s’est fait son propre comédien et son bouffon. L’église a eu beau condescendre aux inclinations mimiques de la multitude et s’efforcer de satisfaire, par des représentations sérieuses et quelquefois bouffonnes, les bizarres fantaisies de la foule ; elle a eu beau donner au peuple une part et un rôle dans les cérémonies sacrées, admettre les noëls et les cantiques en langue vulgaire dans l’enceinte de ses temples, il resta toujours en dehors de l’église, un surcroit de sève et de passion mimique non satisfait qui exigea, nonobstant toutes défenses, le maintien dans les carrefours des farceurs et des baladins. Ce que nous appelons théâtres des boulevards n’est que la forme tout nouvellement immobilisée de leurs tréteaux naguère ambulans. Quelques-unes des personnes ici présentes peuvent se souvenir d’avoir vu jouer les pièces de la Comédie Italienne et les farces de Nicolet sur les théâtres encore à demi nomades des foires Saint-Germain et Saint-Laurent. Ce n’est que depuis quarante ans que ces salles temporaires se sont fixées et élevées à demeure sur cette espèce de foire perpétuelle que nous appelons les boulevards. Les foires Saint-Laurent et Saint-Germain qui duraient plusieurs mois furent un commencement d’état sédentaire et permanent pour ces balatrones et ces circulatores jusque-là errans et sans domicile.
On trouve donc, messieurs, en observant avec quelque attention l’état actuel ou peu antérieur de nos spectacles que, pour être complète, l’étude des origines théâtrales doit s’attendre à trois familles de drames distinctes, quoique elles se touchent et se confondent par quelques points : 1o Le drame merveilleux, féerique, surnaturel, qui pendant toute la durée du moyen-âge fut essentiellement ecclésiastique, religieux, sacerdotal ; 2o le drame aristocratique et royal, qui, dès les premiers temps de la conquête, porta aux jours de gala, les pompes et la joie dans les donjons des baronies et les cours plénières de la royauté ; 3o le drame populaire et roturier qui n’a jamais manqué d’égayer, dans les carrefours, à ciel