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ne l’a fait la politique du cabinet de Berlin : le roi a créé spontanément des représentations particulières qui puissent faire oublier l’absence d’une représentation générale ; par une ordonnance du 5 juin 1823, il établit des états provinciaux ; la propriété foncière fut la condition nécessaire pour y siéger ; il appartient à ces états de délibérer sur les projets de loi qui intéressent chacune des provinces ; ils peuvent adresser des pétitions et des plaintes sur leurs affaires particulières ; ils délibèrent avec indépendance sur leurs droits et intérêts communaux. Il y a des provinces où les états se composent de quatre états, d’autres où seulement de trois. Dans toutes les conditions, les qualités de propriétaire et de chrétien sont indispensables. Les députés sont élus pour six ans. Les délibérations sont secrètes, mais leur résultat est rendu public.

Le pouvoir exécutif est énergique et vigilant. L’administration centrale a toujours auprès d’elle des hommes de chaque province, dont les indications l’empêchent de froisser par ignorance des intérêts réels ; rien n’est épargné qui puisse ajouter à la vigueur et à l’habileté du gouvernement.

La justice est un mélange de traditions féodales et de quelques imitations des institutions françaises. Le Code Napoléon régit les bords du Rhin ; le Landrecht, l’intérieur de la monarchie.

Jamais gouvernement ne s’est montré plus soucieux de l’instruction et de la science. Dans aucun autre état de l’Europe, l’enseignement primaire et l’enseignement supérieur ne fleurissent avec tant d’éclat.

En Prusse, tous les jeunes gens sont soldats à vingt ans ; solliciter une exemption serait courir après le déshonneur. Ceux qui ne veulent pas poursuivre la vie guerrière restent un an sous les drapeaux, et mêlent les exercices militaires avec les études de leur éducation ; ils obtiennent ensuite un congé de deux ans ; à la fin de ces trois années, on les incorpore dans la Landwehr du premier ban ; ils y sont classés jusqu’à trente-deux ans, époque à laquelle ils entrent dans la Landwehr du second ban, où ils restent jusqu’à trente-neuf ans. Ainsi, la Prusse a une armée active, deux bans de Landwehr, et dans une lutte contre une invasion, la levée en masse, Landsturm ; ainsi contre l’ennemi, elle se meut comme un seul homme, prompte, aguerrie, ardente. Pourquoi donc les Français