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LA COMÉDIE AU IVe SIÈCLE.

te montrait à moi, je te ferais une destinée que tu ne pourrais vaincre.

Le dieu Lare, à part.

Je compte sur mon trident ; mais pourquoi tarderais-je à l’aborder ? Salut, Querolus !

Querolus.

Encore un sujet d’ennui ! « Salut, Querolus ! » Jeter à droite et à gauche cet inutile salut  ! Cela m’ennuierait même quand cela serait bon à quelque chose.

Le dieu Lare.

Voilà un vrai misanthrope : il n’a sous les yeux qu’une personne ; il croit voir une foule.

Querolus.

Dites-moi, l’ami, que me voulez-vous ? Vous dois-je quelque chose ? Me prenez-vous pour un voleur ?

Le dieu Lare.

Vous êtes trop irascible, Querolus.

Querolus.

Parce que je dédaigne sa politesse, voilà qu’il me dit des injures !

Le dieu Lare.

Reste un moment.

Querolus.

Je n’ai pas le temps.

Le dieu Lare.

Il le faut, reste.

Querolus.

Cela devient de la violence. Hé bien ! que veux-tu ? Parle…

Le dieu Lare.

Faible avorton humain ! Je suis celui que tu cherches et que tu accuses !… N’accusais-tu pas ton Destin aujourd’hui ?

Querolus.

Je l’accuse encore et je le maudis.

Le dieu Lare.

Hé bien ! arrive ici ; c’est moi qui suis ton Destin.