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REVUE DES DEUX MONDES.

Querolus.

Toi. !

Le dieu Lare.

Écoute, Querolus ; je suis touché de tes plaintes, quoiqu’elles soient mal fondées. Viens, je te rendrai compte de tout ; c’est une faveur que je n’ai encore faite à personne.

Querolus.

Est-ce qu’il t’a été donné de connaître les raisons des choses et de les expliquer ?

Le dieu Lare.

Je les connais et je les explique. Dis-moi tout ce dont tu as à te plaindre.

Querolus.

La journée n’y suffirait pas.

Le dieu Lare.

Expose-moi seulement quelques-uns de tes griefs… »


Nous allons voir se produire dès cette première scène un des caractères qui distinguent cette pièce, une tendance marquée aux discussions philosophiques les plus ardues et aux controverses presque théologiques. Cette manie d’argumentations sophistiques est le cachet du ive siècle. D’ailleurs, ce débat de l’homme contre sa destinée ne manque ni de portée ni de grandeur. C’est une belle justification de la Providence. D’abord le Dieu cherche à prouver à ce pessimiste qu’il a tort de se plaindre et qu’il ne mérite pas d’être plus heureux. Il l’amène à faire une sorte d’examen de conscience qui ressemble fort à une confession chrétienne. Ensuite, il travaille à lui prouver qu’il est très heureux. N’ayant pu le convaincre, il lui promet d’exaucer tous ses désirs. Puis il lui montre successivement la folie de tous les vœux qu’il forme. Cette dernière partie de la scène est une satire fort piquante des diverses conditions sociales à cette époque. C’est dans cet endroit que se trouve le passage qui fixe avec certitude la date exacte de la pièce. Parmi les vœux extravagans qu’exprime Querolus, se trouve celui-ci :

« Si tu as quelque pouvoir, ô dieu Lare ! fais que je sois simple particulier et puissant.