Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
SCIENCES NATURELLES.

nées d’une manière générale dans le passage que j’ai cité d’Olaus Magnus ont été observées depuis à diverses reprises, et on en a des récits très circonstanciés. Pour le froment, l’historien de Thou rapporte qu’il en tomba, en 1548, aux environs de Villach en Carinthie. « On assure, dit-il, qu’on en fit même du pain qui fut présenté à l’empereur Charles v ; ce qui est certain, c’est qu’on lui porta quelques-uns de ces grains tombés des nues. »

Bien des années après on crut voir le même fait se reproduire et dans les mêmes lieux ; le 1er mars 1691, pendant un orage très violent, il tomba, au milieu de la pluie et de la grêle, une si grande quantité de grains que chacun put en recueillir considérablement. Marc Gerberius, médecin à Laubach, prit des informations à ce sujet, et obtint un grand nombre de témoignages qui ne laissaient matière à aucun doute ; mais s’étant procuré de ces graines, il vit que ce n’était pas réellement du blé, et il supposa que c’était plutôt des pépins d’épine-vinette. L’abbé Nollet, d’après la description donnée par Gerberius et par d’autres personnes, suppose que les corps ainsi recueillis n’étaient pas même des graines, mais les bulbes des racines de la petite chelidoine. Ces bulbes, rampant pour la plupart à la surface du sol, auraient été enlevés par le vent avec la plante déracinée, et la fermeté de leur structure leur aurait permis de résister plus longuement à la destruction.

Les graines légumineuses dont parle l’archevêque d’Upsal, et qui, suivant lui, donnent naissance à une plante à fleur bleue, étaient probablement des graines de lupin. Il n’y a pas trente ans qu’il en tomba en abondance dans une partie de l’Espagne ; un courrier en rapporta en France toute une poignée et en donna à plusieurs personnes de ma connaissance. J’ai déjà eu occasion de rappeler ce fait dans un journal quotidien (le Temps, 12 décembre 1834).

Quant aux insectes qui arrivent par l’air (j’entends ceux qui sont dépourvus d’ailes), cela a été vu tant de fois, qu’il est presque inutile d’en citer aucun cas particulier ; ceux qui voudront voir sur ce sujet des observations très bien faites, pourront consulter une lettre adressé à Réaumur par le célèbre entomologiste de Géer. Les sceptiques, à cette occasion, prétendaient aussi que ces vers que l’on trouvait à la surface de la neige étaient sortis de dessous terre ; mais le naturaliste suédois fait remarquer, d’une part, que le sol sous-jacent était gelé à trois pieds de profondeur, et de l’autre, que les mêmes insectes se présentaient sur la croûte glacée de grands lacs, et au milieu tout comme aux bords.

Les pluies de poissons dont parlent Olaus Magnus et Cardan ont été moins souvent observées ; cependant j’aurai tout-à-l’heure à en citer quel-