s’interdit pas de le mutiler ; l’autre qui, dans son respect pour la littéralité complète, n’évite aucun des contre-sens qui se présentent sur son passage ; M. B. Laroche a su être à la fois consciencieux, fidèle, littéral sans lourdeur, et il a rencontré l’élégance dans la fidélité.
— L’ouverture des cours, qui s’est faite dans la dernière quinzaine, promet une solide et abondante nourriture aux jeunes esprits auxquels ils s’adressent. M. Ampère fils a commencé, au Collége de France, son histoire de la littérature française ; il débute, et avec raison, par l’époque gauloise et latine, dans laquelle notre langue, notre poésie, notre éloquence et tous nos genres littéraires ont des racines si profondes. M. Ampère traitera cette année tous les siècles antérieurs au douzième, c’est-à-dire à la formation et à l’éclosion de notre idiome vulgaire. Les siècles suivans, déroulés plus lentement, occuperont plusieurs années. Il a tracé, dans sa première leçon, un tableau fidèle et animé de la première route que, dans les deux leçons suivantes (sur les Ibères et sur les Celtes), il s’est mis déjà à parcourir. Le cours de M. Ampère, recueilli par la sténographie, revu, remanié et publié successivement chaque année, finira, nous en avons confiance, par constituer un monument d’ensemble aussi honorable à l’auteur qu’à notre époque, par la science, la suite, l’esprit de sagacité et le talent déployés.
— M. Lenormant, suppléant de M. Guizot, cette année, à la Faculté des Lettres, traite des origines de la civilisation grecque, et en particulier de ses rapports avec l’Asie occidentale et l’Égypte. Dans son discours d’ouverture, qui vient d’être imprimé, et qui avait été écouté avec grande faveur, M. Lenormant exprime son dessein de reporter l’attention à ces époques antérieures, trop négligées, et dans lesquelles pourtant notre civilisation moderne a des racines lointaines. La civilisation grecque, principalement, est un précédent immense qui pèse sur toute la destinée du monde occidental. M. Lenormant ne se flatte pas de résoudre le problème de cette civilisation, et d’en déterminer toutes les sources ; mais il veut le bien poser, le circonscrire par quelques côtés, et en analyser plusieurs des élémens dont il a fait une étude approfondie. Compagnon de voyage de Champollion en Égypte, témoin et confident de cette pensée investigatrice si prématurément tranchée, il a droit et mission plus que personne pour reprendre ce côté égyptien de la question grecque. Ce souvenir de Champollion lui a fourni des mouvemens éloquens. En général, la façon de M. Lenormant, mélange d’érudition et d’ardeur, de connaissances multiples et