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IL NE FAUT JURER DE RIEN.

LA BARONNE.

Ça ne se peut pas : Cécile n’a rien à me dire ; il est clair qu’elle n’a rien reçu.

VAN BUCK, se levant.

Eh ! morbleu, je l’ai vu de mes yeux.

LA BARONNE, se levant aussi.

Ma fille, qu’est-ce que cela signifie ? levez-vous droite, et regardez-moi. Qu’est-ce que vous avez dans vos poches ?

CÉCILE, pleurant.

Mais, maman, ce n’est pas ma faute ; c’est ce monsieur qui m’a écrit.

LA BARONNE.

Voyons cela. (Cécile donne la lettre.) Je suis curieuse de lire de son style, à ce monsieur, comme vous l’appelez. (Elle lit.)

« Mademoiselle, je meurs d’amour pour vous. Je vous ai vue l’hiver passé, et, vous sachant à la campagne, j’ai résolu de vous revoir ou de mourir. J’ai donné un louis à mon postillon… »

Ne voudrait-il pas qu’on le lui rende ? Nous avons bien affaire de le savoir !

« à mon postillon, pour me verser devant votre porte. Je vous ai rencontrée deux fois ce matin, et je n’ai rien pu vous dire, tant votre présence m’a troublé. Cependant, la crainte de vous perdre, et l’obligation de quitter le château… »

J’aime beaucoup ça. Qu’est-ce qui le priait de partir ? C’est lui qui me refuse de rester à dîner.

« me déterminent à vous demander de m’accorder un rendez-vous. Je sais que je n’ai aucun titre à votre confiance… »

La belle remarque, et faite à propos.

« mais l’amour peut tout excuser ; ce soir, à neuf heures, pendant le bal, je serai caché dans le bois ; tout le monde ici me croira parti, car je sortirai du château en voiture avant diner, mais seulement pour faire quatre pas et descendre. »

Quatre pas ! quatre pas ! l’avenue est longue ; dirait-on pas qu’il n’y a qu’à enjamber ?

« et descendre. Si dans la soirée vous pouvez vous échapper, je vous attends ; sinon, je me brûle la cervelle. »

Bien.

« la cervelle. Je ne crois pas que votre mère… »

Ah ! que votre mère ? voyons un peu cela.

« fasse grande attention à vous. Elle a une tête de gir… »

Monsieur Van Buck, qu’est-ce que cela signifie ?