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les états du Sud prétendent que la constitution ne donne pas au congrès le droit de modifier les rapports du maître et de l’esclave dans le district, quoiqu’il soit entendu que le congrès y est souverain absolu. M. Van Buren a été interpellé sur ce point, et, comme il tient aux voix du Sud, il a dû s’expliquer catégoriquement contre le pouvoir constitutionnel du congrès à ce sujet. À une immense majorité, le congrès lui-même, à la session dernière, a voté des résolutions dans ce sens[1]. Sur cette question, un candidat à la présidence n’est pas libre ; il est contraint et forcé de se prononcer contre l’idée d’émancipation, lors même que son cœur serait navré de voir l’esclavage organisé au pied des marches du Capitole. Il n’est pas possible qu’un candidat veuille d’un seul mot mettre contre lui la population entière de quatorze états sur vingt-six. Si nettes, cependant, qu’aient été les explications données par M. Van Buren, il est probable que sa qualité d’homme du Nord, né loin de l’esclavage, aurait été un motif d’exclusion, s’il n’eût été soutenu de l’appui magique du général Jackson.

M. Van Buren est d’ailleurs l’homme le plus propre, peut-être, de toute l’Union, à amortir l’effervescence qui s’est déclarée depuis quelque temps dans l’Union, au sujet de l’esclavage. Sous ce rapport, comme sous beaucoup d’autres, tout autorise à croire que, s’il est élu, ce ne sera point un choix dont on ait plus tard à se repentir.


Michel Chevalier.
  1. Il a même été voté que cette mesure serait injuste et impolitique.