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tions ont été prises, en outre, dit-on, pour lui ôter les moyens d’exercer le pouvoir qui lui est conféré, sans la suzeraineté de la France. Pour les autres conditions, on a jugé qu’entretenir de bons rapports avec les Arabes, c’était un des meilleurs moyens d’assurer et d’étendre notre domination en Afrique. L’expédition de Constantine prouvera aux Arabes que nous n’avons pas renoncé à la voie des armes, et que nous savons les employer au besoin. Le ministère concilie ainsi deux idées, et essaie, selon les nécessités diverses, en deux localités de l’Afrique, deux différens systèmes. Nous ne savons si le succès suivra ses efforts ; mais on ne peut y méconnaître une véritable habileté.

Lord Durham est à Londres ; sa brillante mission en Russie semble terminée. L’ordre du Bain lui a été accordé, par le feu roi, quelques jours avant sa mort, et l’ordre de Saint-André, le premier des ordres russes, lui a été donné par l’empereur. L’empereur Nicolas avait eu l’attention de faire demander au roi Guillaume IV l’autorisation, pour lord Durham, de porter cet ordre ; et il a remis à la fois à lord Durham les insignes de Saint-André et le rescrit du roi d’Angleterre. Lord Durham est, à Londres, l’objet de la curiosité et de l’intérêt public. Dans sa courte mission, il a surmonté de grandes difficultés. Son attitude à Saint-Pétersbourg a été pleine de dignité et de noblesse. L’affaire du Vixen a été arrangée, grace à son influence personnelle. Lord Durham a fait ouvrir de nouveau, par un traité de commerce, aux marchandises anglaises, les ports de la Russie, qui leur étaient fermés, comme à nos produits manufacturés, depuis dix ans. On peut dire qu’il a retrouvé, en Russie, toute son influence, qui commençait à décroître en Angleterre, par l’effet de circonstances qui ont disparu depuis. Lord Durham a perdu lui-même, dans le maniement des affaires extérieures, sans rien perdre de ses principes, une certaine vivacité d’opinions, qui le faisait redouter dans la sphère du pouvoir. On ne doit donc pas être surpris de le voir désigné comme le chef futur du cabinet. Il paraît, cependant, que les hommes bien informés en Angleterre ne croient pas à sa nomination, et pensent qu’il s’élèverait des difficultés de plus d’un genre, s’il en était sérieusement question.

Un des doyens du corps diplomatique à Paris, l’un de ses membres les plus spirituels et les plus distingués, M. le comte de Loewenhielm est sur le point de partir pour Stockholm, où il est question, dit-on, de lui offrir le poste de ministre des affaires étrangères, laissé vacant par la mort de M. de Wetterstedt. Ce serait une grande perte pour la société de Paris que l’éloignement de M. de Loewenhielm. Son activité, sa rare expérience, son jugement rapide et sûr, seraient sans doute d’un grand secours dans le poste qu’on lui désigne ; mais on pense qu’à moins d’une nécessité absolue il reviendra reprendre à Paris la place qu’il occupe depuis si long-temps, et où il a rendu tant de services.