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cette espèce de formulaire ? Sympathisez-vous complètement avec moi dans mon affection raisonnée pour l’élément héréditaire de notre législature ? Eh bien ! s’il en est ainsi, déclarez-le, car le moment est venu où nous devons nous préparer à ne plus agir qu’en conséquence. Ne nous contentons pas de l’enthousiasme passager que ces principes, que ces souvenirs vénérables peuvent exciter en nous. Nous possédons des droits politiques ! à quoi bon, si nous ne sommes décidés à en faire usage ? Si vous avez comme moi le sentiment de l’imminence du danger, si nous comprenons de même et son étendue et les moyens de le détourner, celui de nous qui, en possession d’un droit politique, négligerait de l’exercer, ressemblerait à ces lâches qui, en face de l’ennemi, refuseraient de tirer l’épée pour la défense de leur pays. Nos droits de citoyens anglais, nos droits politiques, voilà les armes qui sont entre nos mains pour défendre nos opinions ; car je ne parle point des armes matérielles. Nous en avons de meilleures. Ce que je viens de faire en votre présence, c’est d’exercer un de mes priviléges. J’ai un grand et précieux privilége : celui de vous haranguer, et j’en use. J’en use, non pour satisfaire un sentiment de vanité personnelle, quelque bonheur que j’éprouve à me trouver au milieu de vous ; mais parce que j’ai la conviction profonde qu’en resserrant nos liens, nous fortifions nos moyens de défense commune, et voilà pourquoi j’ai oublié la distance, j’ai bravé la rigueur de l’hiver.

« Sentant que j’avais un devoir public à remplir, et que par son accomplissement je pouvais rendre service à mon pays, je me suis décidé à venir parmi vous. L’heure est arrivée, croyez-moi, l’heure est arrivée de nous préparer et de ne pas confier à d’autres mains ce que nous pouvons faire nous-mêmes. J’ai lu dernièrement des discours prononcés par des hommes dont le devoir spécial me semblait être de défendre la constitution britannique dans toute son intégrité, et ces discours sont de telle nature qu’ils m’engagent à ne pas laisser la défense de la constitution à ceux qui les ont prononcés, quoiqu’ils en aient la mission officielle. J’ai lu des discours prononcés par de grandes autorités légales, et je vois que les auteurs de ces discours n’ont pas encore de parti pris sur la réforme de la chambre des lords. Ils déclarent qu’ils sont fâchés de la nécessité de cette réforme, mais ils la voient, disent-ils, s’approcher à grands pas. Ils n’ont à présenter aucune objection grave contre le principe, mais ils n’ont encore découvert aucun plan particulier de réforme qui soit selon leur goût. Empressés à leur tâche, on les voit fouiller de tous côtés pour découvrir au fond de je ne sais quel vieux magasin de systèmes ré-