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L’UNION DU MIDI.

celle qui nous tenait le plus au cœur, celle qui renfermait toutes nos humiliations, s’efface sur le plus grand nombre de points. Ce que ne feraient peut-être pas cinquante années de guerre, nous portons les limites de la France commerciale entre les Alpes et l’Océan, à Cadix d’un côté, et de l’autre à Anvers. Nous ouvrons à chacun des peuples associés un marché de 50,000,000 de consommateurs, parmi lesquels la France tient le premier rang ; mais cet avantage qu’elle fait à ses co-associés est compensé, en sa faveur, par le bénéfice du transit.

Les quatre cinquièmes des droits de douane, ou, plus exactement, 78 p. 100, sont perçus en France sur les provenances maritimes ; les douanes de terre, celles qui exigent une surveillance continuelle, un personnel nombreux et des frais énormes, ne reçoivent qu’un cinquième environ de ce revenu. L’intérêt du trésor, autant que la prévoyance politique, déterminera tôt ou tard l’abandon des lignes de terre. En proposant de supprimer celles qui touchent à l’Espagne, à la Suisse et à la Belgique, nous retranchons les plus onéreuses, celles qui sont gardées par une armée de douaniers et attaquées par une armée de contrebandiers.

Les droits perçus à l’importation sur notre frontière de Suisse se sont élevés, en 1835, à la somme de 1,194,832 fr. ; sur les provenances de l’Espagne, le fisc a recouvré 4,026,002 fr., et sur celles de la Belgique, 9,098,375 fr. ; au total, et pour les trois pays, 14,319,229 fr. Les frais de douane, pour 1835, sont évalués au budget, déduction faite de l’administration centrale, à plus de 23,000,000, dont la surveillance exercée sur les frontières absorbe la plus grande partie. Nous n’exagérons nullement, en supposant que la suppression des postes et des bureaux de douane, sur cent cinquante lieues de frontière, et sur les frontières les plus exposées à la fraude, produirait une économie de 8,000,000 de fr. Ce serait donc un déficit de 6,000,000 environ dans les recettes du trésor ; encore faut-il admettre que l’on n’aurait aucune répétition à exercer sur les produits des douanes reportées aux frontières extérieures de l’association. Au reste, cette faible lacune dans le revenu public se trouverait amplement compensée par l’accroissement de la richesse et du travail. Nous croyons rester en-deçà de la vérité, en évaluant cette augmentation à 100,000,000 par an dès les premières années.