les actes du gouvernement, à exciter contre lui toutes les répugnances, à retarder tous les projets de loi conçus dans l’intérêt public, et il ne pouvait prévoir que ce parti irait jusqu’à renier ses propres doctrines et jusqu’à son chef, comme a fait M. Jaubert à l’égard de M. Guizot, pour satisfaire à ses appétits d’ambition !
M. Duvergier parle de deux presses qui agissent en sens différent au bénéfice du ministère, de deux drapeaux, de deux systèmes. Il confond ici les choses par hasard ou à dessein. Le ministère s’est adressé, non pas à deux opinions, mais à deux nuances d’opinion très proches, dont l’une est la sienne, et il a voulu les réunir sous le même drapeau. C’est alors que les doctrinaires, voyant quelle force le ministère et l’ordre tireraient de cette réunion, se sont hâtés de se jeter dans les bras de l’opposition, confondant jusqu’aux membres les plus ardens de l’extrême gauche dans cette mêlée d’embrassemens. C’est là bien autre chose que d’élever deux drapeaux presque semblables ! C’est aller se réfugier sous le drapeau contre lequel on s’est fait long-temps gloire de combattre, et amener son propre pavillon. Ce n’est plus là caresser un parti, comme le dit du ministère M. Duvergier de Hauranne ; c’est se mettre à genoux devant un parti, et endosser, sans conditions, ses livrées. Encore, un ministère qui cherche à se rallier une majorité, a-t-il une mission qui ne peut être qu’une mission d’ordre, tandis qu’un parti qui déserte son poste en masse pour aller s’incorporer ailleurs, et qui ne le fait que pour attaquer des principes auxquels il accède dans le fond de son ame, n’agit et ne peut agir que dans un intérêt personnel. On ne dira pas, en effet, que ce sont les principes qui rapprochent M. Guizot de M. Odilon Barrot, M. Duvergier de Hauranne de M. Mauguin, de M. Michel de Bourges, et de tous les membres de la gauche, avec lesquels le parti doctrinaire a presque constamment voté dans toute cette session.
N’oubliez pas, d’ailleurs, l’état où se trouvait le pays au 15 avril. Vous l’aviez profondément divisé, vous l’aviez si fortement aigri, qu’il était devenu nécessaire de montrer un esprit de conciliation qui, aujourd’hui, paraîtrait peut-être excessif. Il se peut qu’on ait déjà oublié, au milieu de l’heureux changement qui s’est fait, que le roi était alors renfermé dans son palais, que le jury absolvait les complots, que les attentats les plus criminels étaient à l’ordre du jour. On n’essaya pas de fléchir les partis, on ne renonça pas aux lois de septembre, on n’offrit pas l’amnistie en présence des attentats ; mais on ne vit plus des ministres protéger de leur appui, de leurs éloges et de leur amitié, des déclamations violentes contre les libertés de la France. On revint à la législation existante, et on cessa de demander aux chambres des lois de réaction ; on se montra confiant dans les forces que la charte de 1830 donne au pouvoir, et on déclara qu’on s’en contenterait. Dès-lors tout rentra dans l’ordre on ne sait comment, et les doctrinaires le savent moins que personne. L’admirable esprit de justice, le bon sens national qui règnent à un si haut degré en France, répandirent une faveur générale sur les actes de ce ministère, et comprimèrent des opinions dangereuses par cette écla-