Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
REVUE DES DEUX MONDES.

désormais abandonné, nous l’espérons, dans l’intérêt et pour l’honneur des deux peuples réunis sous la main du souverain des deux Siciles.

Dans les plus anciens temps de la monarchie sicilienne, Messine eut des priviléges et des franchises dont elle jouissait sans porter envie aux autres villes. Le signal des vêpres, parti de Palerme, fut répété à Messine ; elle ouvrit, comme Palerme, ses portes aux Aragonais, et le reste de la Sicile imita ces deux grandes cités. Ce fut sous le règne de la reine Blanche, veuve de Martin II, que les grandes divisions éclatèrent. Au parlement de 1410, à Taormina, Messine lutta ouvertement, par ses barons et ses députés, avec Palerme. La guerre civile ravageait alors la Sicile. Les cités s’arrachaient la régente, et la forçaient de résider dans leurs murs quand elle voulait s’en éloigner. Le grand-justicier Caprera avait levé l’étendard de la révolte ; le grand-amiral Lihori s’était mis en campagne pour la reine Blanche. Messine voulait un roi, et Palerme un autre. C’était là, on en conviendra, un grave sujet de dissension ! Je ne veux pas entrer dans l’histoire de toutes les tracasseries municipales de moindre importance que se suscitaient les deux villes. Catane vint à son tour avec des prétentions de capitale, et le désordre fut à son comble. Tel fut le premier résultat de l’administration des vice-rois, qui n’étaient pas assez puissans pour exercer l’autorité sans s’aider de ces rivalités funestes. D’ailleurs, tandis que Messine et Palerme se querellaient de la sorte, Charles-Quint avait bien d’autres querelles à vider avec François Ier, et ses rapports avec la Sicile se bornaient à des demandes de subsides. Ce fut aussi dans ce temps que le système des impôts se perfectionna, au grand détriment de la Sicile. On peut même faire l’histoire de chaque vice-roi par les taxes qu’il a établies. Sous Medina-Celi, il y eut les taxes du drap, des étoffes de soie, des fourrures et de la soie brute ; son successeur imposa les tombeaux ; un autre, les cartes à jouer, l’huile, le sel, le sucre, les salaisons, le vin ; le droit de port fut inventé ensuite ; enfin, sous le duc de Montalte, et ensuite sous le comte d’Assumar, on imposa les testamens et les contrats de vente. Ces impôts étaient tous ordonnés par le parlement, et la Sicile était du moins pressurée le plus légalement possible.

Toutefois, un souverain tel que Charles-Quint ne possède pas la souveraineté d’un état, et ne se montre pas, même passagèrement, sans laisser des traces. Celles du règne de Charles-Quint seront ineffaçables. Ce fut lui qui fonda la banque de Palerme, qui renouvela l’ancienne