pays à sa manière ; car le bien du pays est l’intérêt de tous, et l’ambitieux parvenu qui ne ferait pas avec zèle les affaires du pays, dans un gouvernement de publicité comme le nôtre, ferait assurément très mal les siennes. Un jour viendra où l’opposition aura, de son côté, quelque chose de mieux que des injures et des reproches de vénalité à répondre aux écrivains qui défendent les principes du gouvernement. Nous dirons, en attendant, que les adversaires du ministère dans la chambre, n’ont pas avancé la question d’un point par la polémique de cette session dans la chambre et dans la presse, et qu’ils ont donné une grande preuve de faiblesse en se réunissant uniquement pour la défense du principe de la présidence réelle. M. Guizot a-t-il formulé une accusation précise dans ses discours ou dans ses articles durant cette session ? a-t-il fait entendre une autre accusation que celle-ci : « Le pouvoir se rapetisse, l’autorité diminue ! » M. Duvergier de Hauranne a-t-il tenu un autre langage dans son dernier pamphlet ? Dans la lettre écrite depuis au Journal du Cher, l’honorable député a-t-il dit autre chose, et les raisons qu’il donne pour motiver ses attaques contre le ministère sont-elles plus satisfaisantes que les raisons qu’il donne pour s’excuser de l’avoir défendu ? La politique du ministère, selon M. Duvergier de Hauranne, énerve et dissout le gouvernement parlementaire, elle compromet le pouvoir royal, elle désorganise l’administration : toutes choses que le centre gauche disait et écrivait lors du ministère doctrinaire, et que les doctrinaires écrivaient et disaient lors du ministère du 15 avril. Si M. Duvergier de Hauranne disait que lui et ses amis n’appartiennent pas au parti ministériel parce que le ministère a fait l’amnistie, qu’ils blâmaient ; parce qu’il veut garder Alger, parce qu’il a resserré notre alliance avec l’Angleterre, parce qu’il a marché vers les idées du centre gauche, qui étaient en discrédit dans le cabinet du 15 septembre ; nous le concevrions. Si le centre gauche et la gauche disaient qu’ils combattent l’administration actuelle parce qu’elle n’a pas donné assez d’extension à l’amnistie, parce qu’elle n’a pas abrogé les lois de septembre, parce qu’elle s’est réunie à la majorité de la chambre pour repousser toute idée d’intervention en Espagne, nous comprendrions encore ce langage. Mais on se garde bien de parler ainsi dans l’opposition, parce que ce serait se montrer tel qu’on est, et qu’alors chaque fraction de cette grande et unanime réunion d’avis divers s’en irait chacune de son côté, et dériverait vers ses principes. Il est bien plus commode de dire que le pouvoir parlementaire se désorganise, surtout quand on se donne pour le pouvoir parlementaire, et qu’on réclame pour soi les forces qu’on dit abattues et qu’on prétend restaurer.
Voyez aussi ce qui arrive ! Grace à cette enseigne, tous les mécontens peuvent venir se réfugier sous la même bannière. On a lieu de s’étonner, en vérité, qu’il y ait eu en France une révolution de juillet, quand on se met à lire avec quelque attention la devise de tous ces partis, dont les uns combattent et détruisent le gouvernement, croyant ne s’en prendre qu’aux ministres, et dont les autres n’en veulent qu’au gouvernement, et le frappent en réalité de toutes les attaques qu’ils semblent diriger contre le cabinet.