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DE L’ÉGLOGUE LATINE.

tianus Maurus, de Stace, de Martial, de Sidoine Apollinaire, on peut conclure qu’il florissait au temps de Vespasien et de ses fils. Suivant ces témoignages, il serait né à Leptis en Afrique, d’où il aurait été ramené enfant en Italie, puis élevé avec des fils de sénateurs, et formé à l’éloquence et aux travaux du forum ; il aurait passé une grande partie de sa vie dans ses propriétés patrimoniales, situées au pays des Veiens, des Sabins, des Herniques. Est-ce une de ces propriétés qu’il a célébrée dans ses Falisca, poème qui a fait donner le nom de falisque, et au mètre qu’il y employait, et au poète lui-même ? Ses pièces sont désignées en général sous le titre d’Opuscules ruraux, et il est probable qu’elles décrivaient successivement les différens travaux de la campagne. Il en reste d’assez nombreux fragmens, de mesures diverses, mais le plus souvent lyriques, et qui ont toujours quelques rapports avec la vie des champs. Wernsdorf, qui les a rassemblés curieusement, en a relevé l’insignifiance en y joignant, assez arbitrairement, le Moretum, qui porte le nom de Virgile, et ne lui fait pas déshonneur.

Avant Calpurnius, le seul poète vraiment bucolique que présente encore l’histoire de la littérature latine, on ne rencontre plus qu’Annianus ; encore faut-il le zèle ardent de la critique allemande, pour lui attribuer des églogues. Aulu-Gelle, qui vante l’admirable suavité de son langage, parle quelque part de la manière dont il célébrait, dans son domaine rural, en société de quelques amis, par des conversations savantes et enjouées, la solennité des vendanges. C’est, selon Wernsdorf, pour une de ces agréables réunions que furent composés les vers fescennins, que cite de lui Ausone pour excuser, par cet exemple, la licence d’une de ses pièces. La poésie fescennine ayant été, dans l’origine, quelque chose d’assez semblable au carmen æmæbeum de la poésie bucolique, ce savant critique en conclut un peu légèrement qu’Annianus s’est exercé dans ce dernier genre.

Nous voici enfin arrivé à Titus Calpurnius, dont une tradition constante place le berceau en Sicile, comme pour le rattacher de loin à Théocrite. On le fait, en général, vivre et écrire sous Carus et ses fils Carin et Numérien, vers la fin du IIIe siècle de notre ère. Les allusions et les allégories historiques contenues dans ses églogues, se rapportent en effet assez visiblement à cette époque. À défaut d’autre témoignage, ces pièces peuvent seules nous fournir quelques indications sur leur auteur, qui paraît s’y être quelquefois introduit lui-même, à l’exemple de Virgile, sous le costume, le personnage de Corydon, de Tityre, et y avoir fait intervenir aussi son protecteur.