en termes parfaitement modérés, n’était pas de nature à provoquer une discussion aussi violente que celle qui a eu lieu. Qui croirait, par exemple, qu’un député du canton de Vaud, qu’un homme grave comme M. Monnard, a proposé de faire la guerre à la France ! Les rôles respectifs se trouvent ici très bien observés. La France a bien complètement rempli celui d’une grande et forte puissance en présentant à la Suisse une note pleine de modération, et le canton de Vaud n’a pas dérogé au rôle ordinaire des états imperceptibles, en répondant par des menaces de guerre. Ces rodomontades ne sont pas nouvelles, et nous pourrions en trouver plus d’une semblable dans l’histoire des cantons, dans celle de Genève, par exemple, qui, assiégée en 1782 par nos troupes, répondit au général français, M. de Jaucourt, qui menaçait la ville d’un incendie après l’assaut, si elle ne se rendait, en lui envoyant un paquet d’allumettes. La ville se rendit cependant quelques heures plus tard, et avant l’assaut. Nous citons ce fait uniquement parce qu’il se présente à notre mémoire, et non que nous pensions que le gouvernement français songe, pour l’heure, à relever le cartel que lui envoie le canton de Vaud.
Malgré la vivacité des paroles de M. Monnard, nous ne nous trompons pas sur son caractère, qui nous est connu. Nous savons que le député de Vaud n’est pas un radical comme le chef du parti démocratique de ce canton, M. Druey ; nous savons qu’il aime la liberté, et qu’il a donné des preuves de ses sentimens libéraux et modérés à la fois, dans les efforts fructueux qu’il a faits en 1821 pour fonder la liberté de la presse. Aussi nous attendons-nous à le voir bien surpris de l’usage que l’opposition fait en France de ses paroles, et nous ne serions pas étonnés si cette surprise allait jusqu’aux regrets. Rappelé à lui-même, M. Monnard se dira que la véritable dignité des états secondaires est de ne braver leurs voisins que pour des causes bien graves, et que si la Suisse, luttant du temps de Tell contre l’Autriche pour recouvrer sa liberté, était alors admirable, elle serait bien près du ridicule, si elle se mettait à défier la France à propos d’une réclamation tout-à-fait légale. Heureusement la France connaît mieux sa dignité ; elle sait qu’un grand état comme elle doit mettre doublement la justice et le droit de son côté dans ses négociations avec les états secondaires, et elle ne faillira pas à ce principe qui a toujours dominé dans ses rapports diplomatiques de tous les temps.
M. Monnard, adoptant les principes du député de Thurgovie, veut qu’on précise, d’une manière palpable, les faits qui sont reprochés à M. Louis Bonaparte. Il suffirait de lui envoyer la lettre écrite par M. Louis Bonaparte à M. Laity, et publiée dans tous les journaux de la France et de l’étranger. Cette lettre dit tout. Elle prouve que le jeune Bonaparte ne renonce à aucun de ses projets, et qu’il n’attend qu’une occasion favorable pour les mettre à exécution de nouveau. Les lettres et les écrits répandus en France viennent évidemment d’Arenenberg ; les conseils qui s’y tiennent, les hôtes qu’on y reçoit, tout motive la note remise au directoire fédéral et qui a tant irrité le député de Vaud et autres. Faudra-t-il donc attendre que Louis Bonaparte se