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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/573

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REVUE. — CHRONIQUE.

ferme vieillard, dont le caractère intègre, mêlé à tous les grands évènemens depuis près de cinquante ans, a toujours su se tenir en dehors des passions haineuses et de la violence des partis. M. de Sacy et M. Daunou n’ont pas suivi, en politique, la même carrière ; mais si M. Daunou a gardé une foi plus vive pour les principes qu’il a défendus avec gloire, au début de sa carrière parlementaire, l’honneur et la probité sont un terrain où toutes les opinions se confondent et où M. Daunou était sûr de retrouver M. de Sacy.

La politique d’ailleurs a tenu et devait tenir peu de place dans l’éloge de M. de Sacy, dans une vie si remplie par la science. M. Daunou a consciencieusement énuméré les nombreux et savans travaux du grand orientaliste, et avec ce tact sûr et parfait, cette hauteur mesurée de vues, cette vivacité nette, ce style limpide et austère qui le caractérisent, il a apprécié, dans leur variété infinie et dans leur unité scientifique, les ouvrages de M. de Sacy. Jamais applaudissemens n’ont été plus justement mérités que ceux qu’a obtenus M. Daunou. Il s’y mêlait de plus un sentiment de respect et de vénération envers cette rigide et laborieuse vieillesse, qui est un bel exemple trop peu imité de persévérance littéraire et d’austérité politique pour les hommes de notre temps.

La mort de M. de Sacy a laissé dans l’Académie des Inscriptions un vide que M. Daunou pouvait seul combler. Les travaux du savant orientaliste donneront encore lieu à plus d’une appréciation. Son élève M. Reinaud avait déjà lu à la Société Asiatique une notice détaillée sur la vie du maître habile, et notre collaborateur M. Fauriel prépare, pour la Revue, un important travail où seront jugés, dans leur ensemble, les travaux de M. de Sacy.

On le voit, dans ces derniers jours, les séances publiques de l’Institut se sont succédées avec rapidité. Avant-hier, lundi, c’était le tour de l’Académie des Sciences. M. Becquerel, président, a lu un curieux Mémoire sur la chaleur, dont la terminologie scientifique n’était peut-être pas tout-à-fait à la portée de l’auditoire, et M. Flourens, l’un des secrétaires perpétuels, une très intéressante notice sur M. Laurent de Jussieu.


— Nos lecteurs savent que l’auteur de l’Histoire de la Conquête de l’Angleterre prépare en ce moment un important ouvrage. Le nouveau livre du grand historien est destiné, sans aucun doute, à un succès populaire, et il attirera, dès son apparition, l’attention du monde savant, déjà éveillée par les Nouvelles Lettres que nous avons publiées et qui appartiennent à la seconde partie du travail de M. Augustin Thierry. Il serait difficile que les Considérations sur l’Histoire de France, suivies de récits des temps mérovingiens, pussent ajouter à la gloire si universellement reconnue de M. Thierry ; mais elles la développeront en un point nouveau et la continueront dignement, en en élargissant encore le cercle. L’auteur se propose de donner prochainement à la Revue plusieurs fragmens du premier volume de son livre, comme il avait bien voulu nous réserver les récits mérovingiens, que nos lecteurs n’ont certainement pas oubliés.