leurs pères et leurs cours ne l’ont-ils pas détruit eux-mêmes sous leurs pieds ? Nous ne sommes ni courtisans, ni prophètes. Nous ne saurions prédire si la vie du comte de Paris sera prospère et glorieuse ; si, dans l’Europe où tout vacille, les évènemens seront pour lui ; mais ce que nous savons bien, c’est que tout ce que la prudence et la sagesse humaines peuvent faire pour l’héritier d’un trône, son aïeul et son père le feront pour lui. Et pour accomplir ce dessein, ils n’auront pas besoin de chercher d’autres traditions que celles de leur famille, d’autres enseignemens que ceux qu’ils prendront en eux-mêmes. Le roi n’aura qu’à faire lire à son petit-fils l’histoire de son règne, pour lui apprendre ce que c’est qu’un roi constitutionnel. Le duc d’Orléans n’aura qu’à répéter au jeune prince les leçons qu’il a reçues dans nos colléges, qu’à lui communiquer l’expérience qu’il a puisée dans la simple fréquentation des hommes de tous les rangs, pour lui tracer les devoirs d’un héritier du trône, pour lui enseigner le métier de prince dans un pays libre. On voit que la Providence a déjà fait beaucoup pour le comte de Paris en le faisant naître où il est né. Ajoutons qu’elle l’a fait naître dans un temps où les passions violentes sont mal reçues, et dans un pays fatigué de commotions politiques, toutes choses qui ont manqué aux anciens héritiers du trône de France. Voilà bien des chances en faveur de celui-ci, et bien des raisons de ne pas s’inquiéter de son avenir.
Le don d’une épée, votée par le conseil municipal, au comte de Paris, a naturellement donné lieu à beaucoup de critiques. Pourquoi une épée à un enfant ? Pourquoi déclarer surtout, comme l’a fait le préfet de la Seine, que cette épée ne doit rappeler ni celle de Charlemagne ni celle de Napoléon, c’est-à-dire que ce doit être là une épée pacifique ? Le roi a répondu en disant que cette épée sera toujours prête à préserver notre honneur national de toute atteinte et notre territoire de toute invasion, que si elle sort du fourreau, ce sera pour hâter le terme des maux de la guerre, et pour faire jouir la France de la conquête de la paix. Les paroles dites devant un berceau, en présence d’un enfant qui ne les entend pas, ont souvent une grande influence dans l’avenir ; ce sont les premières paroles qu’on lui répète dès qu’il est en état de comprendre. Qui sait si les sages réflexions du fondateur de la dynastie, ne se présenteront pas à la pensée du comte de Paris dans des momens difficiles ? Le vœu d’une ville capitale, représentée par ses délégués, n’est pas non plus un fait indifférent, et c’est, en quelque sorte, flétrir les annales d’une nation, que jeter du ridicule sur de pareils actes.
Enfin, la harangue de M. l’archevêque de Paris au roi, à l’occasion du Te Deum d’actions de grâce, a fait naître d’autres rancunes et de nouvelles critiques. « La monarchie compose avec le clergé, s’est écriée l’opposition radicale. Le règne des jésuites ne tardera pas à revenir ; le fameux parti-prêtre va de nouveau dominer, et (qui sait ?) nous ramener aux ordonnances de juillet, sans doute. » Qu’est-il donc arrivé qui puisse motiver ces plaintes que nous voulons bien supposer sincères ? M. l’archevêque de Paris a ondoyé