mouille les yeux de larmes. Aussi, quelles que soient les convictions particulières qu’on apporte à cette pièce, il est impossible de n’en pas saluer la juste intention.
S’il était permis de donner pour l’avenir un conseil à un talent aussi habile et aussi fait que celui de M. Delavigne, nous lui dirions d’oser être, à la scène, plus d’accord avec ses goûts, avec ses sympathies littéraires, qu’il ne se l’est accordé peut-être depuis quelques années. Par la Popularité, il est rentré dans sa manière plutôt que dans ses sujets : il pourra mieux choisir. Un homme d’esprit dont on citait dernièrement de rares pensées, a dit : « Ce ne serait peut-être pas un conseil peu important à donner aux écrivains, que celui-ci : N’écrivez jamais rien qui ne vous fasse un grand plaisir. » Au théâtre, et pour des sujets de comédie, le précepte peut surtout sembler de circonstance. Un exemple éclatant, sur la scène française, montre assez qu’en fait de goût littéraire, le public n’a pas de parti pris. Le succès sans nuage de la Popularité n’indique pas moins une disposition facile à tous les genres d’impartialité. C’est donc le moment ou jamais, pour les talens purs, d’être tout entiers eux-mêmes. Et à qui mieux qu’à M. Delavigne peut-on donner sans crainte un tel conseil ?
— Notre collaborateur, M. Charles Magnin, vient d’être nommé membre de l’Académie des inscriptions, à une majorité qui rappelle le temps où des divisions, à coup sûr très nuisibles, et quelquefois ridicules, n’avaient pas encore séparé en plusieurs partis ce corps savant. M. Magnin méritait, mieux que personne, de réunir les suffrages de tous, et l’Académie ne pouvait plus heureusement oublier ses vieilles haines qu’à l’occasion d’un critique aussi distingué et d’un savant qui sait, comme M. Magnin, mêler le style et la finesse à l’érudition.
— Les Archives curieuses de l’histoire de France, de M. Danjou, continuent à se publier activement. Ce grand ouvrage, qui complète les collections précédentes de MM. Guizot, Buchon, Petitot et Leber, est, on le sait, le recueil de toutes les pièces rares et pamphlets qui jusqu’ici avaient été négligés et entièrement méconnus par les historiens. Cette série vive et animée de documens curieux et empreints des passions de chaque époque, offre une foule d’élémens nouveaux aux écrivains qui s’occupent des annales nationales et à tous ceux qui attachent quelque intérêt aux études historiques. La première série des Archives de M. Danjou, qui a quinze volumes, est entièrement publiée et s’arrête au règne de Louis XIII. Le XVIe siècle y