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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 mars 1839.


En convoquant les colléges électoraux, le ministère du 15 avril a rempli le dernier de ses devoirs, et fait un acte utile dont nous voyons déjà les résultats. Un ministère soutenu par une majorité qui voulait le maintien de la paix et des principes politiques du 13 mars, ne pouvait abandonner le pouvoir à des partis qui professaient hautement des principes contraires. Les élections avaient donc un double but : elles devaient ou maintenir le ministère du 15 avril, et avec lui la paix de l’Europe, ou forcer ses adversaires à revenir aux principes dont ils s’étaient écartés. À défaut du premier résultat, le second s’est trouvé pleinement atteint ; car un grand nombre de députés de la coalition n’ont été réélus, les uns qu’en subissant les remontrances de leurs électeurs, et les autres qu’en reniant la coalition dont ils avaient fait partie. La majorité ne s’est pas trouvée acquise au ministère dans les élections, et l’on ne peut nier qu’elles n’aient ramené un plus grand nombre de députés de l’opposition dans la chambre ; mais la plupart d’entre eux ont été élus, quoique membres de la coalition, et l’un des plus ardens a été même forcé de déclarer devant les électeurs qu’il pouvait s’être trompé. Le ministère du 15 avril, en se retirant, aura donc assuré le maintien du système de paix et de modération, et, en cela, comme nous le disions, il a rendu un dernier service à la France.

Que s’est-il donc passé dans les élections, que le langage des journaux de la coalition est devenu tout à coup si modéré et si pacifique ? Voyez celui de ses organes qui attaquait le plus vivement le traité des 24 articles, qui qualifiait d’acte inepte l’observation de la garantie donnée par la France ; aujourd’hui, il se hâte d’adresser aux Belges le conseil d’en finir, en acceptant le traité. « Pour les peuples comme pour les individus, leur dit-il, il faut savoir se résigner, car à côté du mal il y a le pire. » Agir autrement ce serait, au dire du conseilleur, manquer d’intelligence et se bercer d’illusions, et un ajournement, ajoute-il, empirerait le mal sans qu’il fût possible d’y porter remède. Que vont dire les représentans belges qui prolongeaient la discussion du traité dans l’espoir qu’un nouveau ministère, sorti de la coalition, viendrait les aider à repousser la décision de la conférence ? Ceux dont ils atten-