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sauver l’honneur de la femme qu’il aime. Beauséant s’éloigne en jurant de se venger ; Pauline commence à aimer son mari.

Au quatrième acte, Claude remet Pauline entre les mains de son père, et part avec le colonel Damas, dans l’espérance de s’illustrer sur le champ de bataille, et de mériter la main de Pauline. Mais, avant de partir, il l’autorise à faire annuler leur mariage. Ici M. Bulwer a placé une scène qui n’a rien de neuf ni d’élevé, mais qui doit émouvoir. Pauline s’efforce de retenir par ses larmes l’homme qui l’a humiliée ; et, lorsqu’enfin elle le voit résolu à partir, elle lui promet de l’attendre et de ne pas briser le lien qui les unit.

Au cinquième acte, Claude Melnotte reparaît sous le nom du colonel Morier. Le colonel Damas, devenu général, en annonçant à son camarade de bivouac que Pauline va épouser Beauséant, essaie de le consoler et de lui persuader qu’il trouvera facilement cent femmes aussi belles, aussi dignes d’amour que Pauline. Cependant la partie n’est pas encore perdue ; le contrat n’est pas signé ; le divorce n’est pas même prononcé. Le général et le colonel se rendent chez M. Deschapelles et apprennent bientôt que Pauline, en promettant sa main à Beauséant, n’a pas oublié Claude Melnotte. M. Deschapelles est ruiné, et c’est pour le sauver, pour relever son crédit, que Pauline consent à épouser Beauséant. En recevant la main de Pauline, Beauséant doit donner à M. Deschapelles une somme considérable. Cette somme, le colonel Morier la fournira, car il s’est enrichi au service de la république française. Pauline reconnaît dans le colonel Morier son mari qu’elle a fidèlement attendu pendant deux ans, et qu’elle ne trahissait que pour sauver son père. Claude et Pauline sont unis, M. Deschapelles retrouve son crédit, et Beauséant est livré à ses remords.

À coup sûr, il serait impossible de discuter sérieusement le mérite de cette pièce. Il suffit de la raconter, et chacun, en parcourant ce rapide sommaire, pourra se former une opinion précise sur l’œuvre de M. Bulwer. La Dame de Lyon est aussi pauvre de conception que la Duchesse de La Vallière, et, si l’auteur a voulu, par cette seconde tentative, démontrer l’étendue de ses facultés dramatiques, nous croyons qu’il n’a pas réussi dans son projet. Il fera donc bien de s’en tenir là, et de ne pas entamer une troisième démonstration. Le style de la Dame de Lyon n’est ni pire, ni meilleur, que le style de la Duchesse de La Vallière ; seulement nous devons dire que le mélange des vers et de la prose, tenté par M. Bulwer dans sa seconde pièce, est d’un effet malheureux, et nous croyons que l’exemple de Shake-