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COURS DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
À LYON.

Les nouvelles facultés de provinces justifient l’idée qui a présidé à leur création, et plus elles avanceront dans la mission d’enseignement qui leur a été confiée, plus elles exciteront de sympathies, il faut l’espérer. Celle de Lyon qui s’est signalée dès son origine par des leçons brillantes, vient d’acquérir de nouveaux titres à l’intérêt. Le 10 de ce mois, M. Edgar Quinet a ouvert son cours de littérature étrangère. Le jeune et savant professeur a réalisé dès son début dans une nouvelle carrière tout ce que promettait sa réputation d’écrivain ; l’auditoire qui se pressait autour de sa chaire a été à diverses reprises vivement ému. Avec nos sympathies pour M. Quinet, et la connaissance que nous avons de son talent, nous aurions voulu, nous l’avouons, le voir placé sur un plus grand théâtre. Nous croyons qu’une chaire à Paris ne serait que la juste récompense de tant de travaux d’art, de poésie et d’érudition entrepris avec tant de courage, exécutés avec tant de bonheur. En attendant que nos vœux et nos espérances se réalisent, il faut féliciter M. Edgar Quinet de professer du moins au milieu d’un public intelligent, qui saura, nous n’en doutons pas, s’associer à toutes ses idées et rendre justice à ses efforts. De notre côté, nous chercherons à étendre le cercle de publicité du nouveau cours, et le morceau de littérature que nous publions aujourd’hui ne sera pas le seul que M. Edgar Quinet livrera à la Revue.

Messieurs,

Si l’alliance des peuples repose sur l’union de leurs esprits ; si, en apprenant à se connaître, ils apprennent à se respecter, à s’aimer, à s’aider mutuellement ; si, détruire parmi eux un préjugé, c’est détruire une inimitié, et avec elle une cause de violence et d’oppression pour tous, il faut considérer l’établissement des chaires de littératures étrangères comme une institution libérale par sa nature même ; et, pour ma part, je déclare obéir en ce moment à mes convictions les plus vives lorsque je viens servir ici d’organe à une pensée qui a fait, jusqu’à ce jour, l’une des occupations les plus constantes de ma vie, et comme ma religion littéraire et politique, je veux dire l’unité des lettres et la fraternité des peuples modernes.

Après cet hommage rendu à l’institution de cette chaire, le premier sentiment que j’éprouve en arrivant dans cette enceinte, est le besoin de saluer cette ville hospitalière qui, ayant subi, depuis un demi-siècle, tant de fortunes diverses, se relève toujours plus noble et plus sérieuse de chacune de ses épreuves. Ce n’est point sans raison que ceux qui en ont posé la première pierre la considéraient par avance comme la reine de la France méridionale ; elle n’a point menti à ces augustes présages. Son règne pacifique