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LETTRES POLITIQUES.

I.
DE L’ORIENT.

Londres. Tottenham-Court-Road. 9 juin 1839.

Je consens volontiers, mon très cher monsieur, à continuer avec vous, par écrit, nos conversations de l’hiver dernier, sur les affaires publiques, telles qu’on les pratique aujourd’hui en Angleterre et en France. Je n’y mets que deux conditions. C’est que vous vous rappellerez de temps en temps que je suis un reste de tory mitigé, ou pour mieux dire renforcé par un assez long séjour dans les états constitutionnels du continent, si vous me permettez d’appeler ainsi la rue de Rivoli à Paris, et la place du Parc à Bruxelles, où j’ai passé alternativement ces huit années. Vous ne vous étonnerez donc point si mes opinions ne sont pas les vôtres, car je suis Anglais avant tout ; et ceci m’amène tout de suite à la seconde condition que je mets à notre correspondance. Je veux parler de l’indulgence que je réclame pour mon style, que je ne m’engage nullement à traduire selon la mode parisienne, ni à plier à ce que vous nommez maintenant, je crois, les formes gouvernementales, mot tout neuf pour une chose bien vieille : la dissimulation de sa pensée.

Je reviens à ma première condition, car il est bon de s’entendre tout de suite et de rédiger son programme ; ce qui est aussi un mot