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GOETHE.

J’en aurais dans le cœur un éternel émoi.
Par sourire j’entends cette moue égrillarde
Que les amoureux font en clignant l’œil. — Un pli
Sur la bouche, et c’est fait sans qu’on y prenne garde.
— Oh ! oh ! tu me parais un gaillard accompli,
Toi, mon grand drôle ! et plus la légion s’avance,
Plus je te trouve fait, en tous points, à mon gré ;
Pourtant je n’aime pas tes mines de curé.
...............
Certes sans violer les lois de la décence,
Tu pourrais te montrer plus nu, mon bel enfant,
Et te débarrasser de cette cape immense
Qui, de la tête aux pieds, te couvre en t’étouffant.
...............
...............

Les roses que les anges sèment pour féconder partout l’amour divin, la grace et l’éternelle pureté, n’éveillent chez Méphistophélès que le sentiment de la plus hideuse licence. Les anges, pour ravir sa proie à Satan, ont usé de supercherie et répandu sur lui les baumes incandescens qui font aimer. Tandis qu’il s’abandonne à son ivresse, les divins messagers lui dérobent la partie immortelle de Faust et l’emportent au ciel. Les anges, une fois sortis vainqueurs de la lutte, rappellent à eux les flammes pures qui dévoraient le diable. Méphistophélès reconnaît le tour dont il est dupe ; les fleurs célestes ont laissé sur tout son corps des traces sanglantes ; l’amour divin consume ceux qu’il n’épure pas.

méphistophélès, revenant à lui.

Çà ! que m’arrive-t-il ? qu’ai-je donc, misérable ?
Je ne suis qu’une plaie, et sur mon corps, partout,
Je vois s’épanouir comme des fleurs d’érable :
Comme Job, je me fais à moi-même dégoût.
...............
Ce spectacle hideux me rend à la raison ;
On saura profiter, drôles, de la leçon,
Et ma race à présent se tient pour avertie.
J’ai sauvé de Satan la plus belle partie ;
Et déjà cet amour, exécrable fléau,
S’est éteint, et je puis comme tu le mérites,
Te blasphémer encor, race d’hermaphrodites !

chœur des anges.

Ardente extase !
Celui qu’enfin