high school (grande école), espèce de pépinière où viennent se former les moniteurs qui vont ensuite aider les missionnaires dans leurs travaux.
Il y a une imprimerie à La Haina, il y en a deux à Honolulu, l’une qui est la propriété des missionnaires, et l’autre qui appartient à l’éditeur d’un journal publié en anglais à Honolulu, le Sandwich islands Gazette. La Gazette des îles Sandwich est un journal hebdomadaire, publié par un Américain, et opposé aux missionnaires. Le Ke Kumu (flambeau, professeur), journal publié en hawaiien par les missionnaires, ne contient que quelques annonces d’arrivées de navires et des extraits d’ouvrages religieux. Je remarquai que, parmi un très grand nombre de livres imprimés en hawaiien qui me tombèrent sous la main, très peu avaient rapport aux progrès de l’industrie ou de la science ; tous, à l’exception de quelques livres contenant des élémens d’arithmétique ou de géographie, traitaient de matières religieuses ; c’étaient des commentaires de la Bible, des catéchismes à l’usage des naturels, ou des livres de psaumes. Certes, je ne nie pas l’utilité de ces ouvrages, ni même leur indispensable nécessité ; mais je ne puis m’expliquer pourquoi les missionnaires qui, dans l’exercice de leurs devoirs de religion, ont toujours témoigné tant de zèle et de persévérance, ont tout-à-fait négligé de donner aux insulaires des notions d’industrie, de mécanique, de fabrication, d’agriculture, notions sans lesquelles les résultats de la civilisation ne peuvent devenir avantageux pour les naturels. Je témoignai ma surprise de ce que je n’avais trouvé chez les chefs aucune connaissance de l’histoire. On me répondit que les naturels n’apprendraient que trop tôt, en lisant l’histoire des autres peuples, à devenir corrompus et pervers ; qu’il valait mieux que la civilisation pénétrât dans ce pays par une voie plus pure, et que les personnes qui s’étaient chargées de cette mission sauraient, quand le temps en serait venu, faire connaître aux habitans des îles Sandwich l’histoire des peuples de l’ancien monde, en ayant soin d’en élaguer tout ce qui pourrait éveiller en eux des idées corruptrices. En attendant, cette population qui se trouve à chaque instant en rapport avec des matelots déserteurs et des gens sans aveu, et qui ne voit, à bien peu d’exceptions près, que le rebut de notre société, s’empoisonne à ce contact funeste, sans pouvoir opposer au mal cette défense naturelle qu’elle trouverait dans les occupations journalières de l’industrie et dans une éducation plus large et plus libérale.
Le meilleur moyen de rendre chère à ces peuples leur nouvelle religion eût été de leur démontrer que leur existence actuelle ne pouvait que s’améliorer par le changement ; mais ils n’ont, jusqu’à ce jour, éprouvé, de la religion qu’on leur a imposée, que ses privations et ses rigueurs ; elle les soumet à une vie à laquelle ils n’étaient pas habitués, elle leur demande une grande partie du temps qu’ils pourraient consacrer au travail, elle leur défend des jeux et des divertissemens auxquels ils étaient attachés, et en compensation elle ne leur présente que des avantages purement métaphysiques qu’ils ne peuvent ni apprécier ni concevoir.
Au reste, cette population que les premiers navigateurs nous représentent comme si heureuse dans sa nudité, nous a semblé misérable sous les haillons