Ah ! ah ! tu rêves aux anges, toi ? Eh bien ! ne t’éveille pas, car tu ne trouveras dans la vie réelle que des femmes ! Mon pauvre Gabriel, continue, si tu peux, à ne point aimer. Quelle femme serait digne de toi ? Il me semble que le jour où tu aimeras, je serai triste, je serai jaloux.
Et mais, ne devrais-je pas être jaloux des femmes après lesquelles tu cours ?
Oh ! pour cela, tu aurais grand tort ! il n’y a pas de quoi ! On frappe en bas !… Vite à ton rôle. (Il écoute les voix qui se font entendre sur l’escalier.) — Vive Dieu ! c’est Antonio avec la Faustina. Ils viennent nous chercher. Mets vite ton masque !… ton manteau !… un manteau de satin rose doublé de cygne ? c’est charmant !… Allons, cher Gabriel ! à présent que je ne vois plus ton visage ni tes bras, je me rappelle que tu es mon camarade… Viens !… égaie-toi un peu, allons ! vive la joie !
Scène VI.
Un boudoir ? Oh ! qu’il est joli ! mais nous sommes trop d’une ici.
Madame a raison, et je lui cède la place. (Il se lève.)
Il paraît que vous n’êtes pas jalouse ?
Elle aurait grand tort ! Je le lui ai dit, elle peut être bien tranquille.
Je ne suis ni très jalouse, ni très tranquille ; mais je baisse pavillon devant madame.
Je vous prie de rester, madame…
Je te prie de l’appeler mademoiselle, et non pas madame.