Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/718

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



31 août 1839.


Il n’est pas sans intérêt de récapituler la marche des affaires d’Orient dans l’ordre où elles ont été connues en France, depuis quinze jours que nous les avons examinées. Les négociations entre la Porte et Méhémet-Ali, après le retour à Constantinople, d’Akiff-Effendi, étaient sur le point de se terminer par le consentement de la Porte qui accordait à ce pacha l’hérédité des deux gouvernemens d’Égypte et de Syrie. Un bateau à vapeur avait reçu l’ordre de se tenir prêt à appareiller pour porter à Méhémet-Ali la dépêche qui renfermait la ratification du sultan, lorsqu’une dépêche du prince de Metternich à M. de Sturmer, internonce d’Autriche à Constantinople, vint changer toute la situation. Après le reçu de cette dépêche, M. de Sturmer se réunit aux représentans des quatre autres grandes puissances, et une note fut présentée à la Porte, pour l’engager à confier aux cinq puissances le soin de transiger avec Méhémet-Ali. Cette proposition fut aussitôt acceptée par le divan, et, dès ce moment, la Turquie et l’Égypte, nous voudrions ne pas dire la France, se trouvèrent en dernière ligne parmi les arbitres de la pacification de l’Orient.

L’arrivée de la dépêche du prince de Metternich à Constantinople eut lieu le 1er  août, et le 3 du même mois, l’escadre anglaise, qui semblait n’attendre que cette décision, se présenta devant la baie de Reischa, dans les eaux de Ténédos, et vint mouiller à quelques milles de l’amiral Lalande.

À moins d’être initié dans le secret des négociations diplomatiques, il est difficile de juger si la France a eu ou non la latitude nécessaire pour obtenir un meilleur résultat dans les affaires d’Orient, dont le premier acte n’a certainement pas fini à notre avantage. La première faute appartient incontestablement à Méhémet-Ali ; mais cette faute retombe sur la France qui était en position de le conseiller, et de l’obliger, en quelque sorte, à suivre ses avis. Si Méhémet-Ali avait accepté l’hérédité de l’Égypte que lui offrait la Porte, et fait ses réserves à l’égard de l’hérédité de la Syrie, il eût évité l’interven-