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UN
VOYAGE EN CHINE.

PREMIÈRE PARTIE.

Aujourd’hui, un voyage en Chine n’est plus un évènement extraordinaire ; mais il n’y a pas vingt-cinq ans, en France du moins, qu’un homme qui avait visité le céleste empire était un objet de curiosité. Je me rappelle encore l’effet produit dans une réunion nombreuse et choisie par cette simple exclamation : Lorsque j’étais à Pékin, prononcée par un petit homme qui, jusque-là, n’avait pris aucune part à la conversation, et que personne n’avait remarqué. Dès-lors toutes les grandes questions politiques et financières, qui avaient défrayé la discussion, furent oubliées ; les notabilités de la réunion furent éclipsées ; tous les regards se portèrent sur le petit voyageur qui avait été à Pékin, et cet homme qui, à part cet incident de sa vie, était peut-être un homme très ordinaire, appela tout d’un coup sur lui, et par cette seule révélation, l’intérêt de tous. Il est vrai de dire que ceci se passait en 1814 ou 1815, à une époque où un voyage hors d’Europe n’était pas encore chose très commune. J’étais presque enfant, et cette circonstance fit sur moi une impression d’autant plus profonde. Aussi le voyage de Chine était-il un des rêves que je caressais le plus volontiers, lorsque bien des années après l’occasion se présenta de le réaliser.