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LETTRES POLITIQUES

LA CHAMBRE ET LE MINISTÈRE.

Nous voici, monsieur, assez loin de l’ouverture de la session pour pouvoir juger le grand débat par lequel s’inaugure chaque année la saison parlementaire. Il était facile, ce semble, d’en pressentir le résultat, et l’on peut affirmer, sans crainte de paraître prophète après coup, que la situation politique ne comportait pas une solution différente. Il suffit, pour s’en convaincre, d’examiner avec quelque soin, et sans parti pris, dans quelles dispositions se sont retrouvés face à face la chambre et le cabinet.

Peu d’évènemens ont rempli l’intervalle des deux sessions ; aucun n’a eu un caractère assez décidé pour mettre le ministère du 12 mai en mesure de prendre une couleur politique, en lui enlevant cette physionomie provisoire qu’il avait reçue des circonstances mêmes du sein desquelles il était sorti. Quelques actes maladroits, quelques tentatives imprudentes, dont le cabinet renvoyait la responsabilité à l’un de ses membres en faisant tous ses efforts pour s’en dégager, avaient seuls suscité des irritations et alimenté l’ardeur d’une polémique que l’opinion extérieure n’excitait plus. Le pays en est arrivé à comprendre en effet qu’il y a de la duperie à se préoccuper de noms propres, lorsque ceux-ci n’empruntent plus leur signification à une idée, et ne représentent que des individualités ambitieuses ou des personnalités égoïstes. Le seul résultat moral et utile de la coalition est assurément celui-là, et je le tiens pour acquis. Il existait donc, monsieur, contre le cabinet, des mécontentemens