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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 21.djvu/518

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REVUE DES DEUX MONDES.

Mme Quinzia renoue les négociations ; elle met en émoi, à cet effet, tout un couvent de nonnes ; son fils va chercher querelle à Fabio pour le contraindre au mariage. Malheureusement la place de magistrat qu’on offre à Fabio n’est pas encore du goût de Meneghino ; il trouve trop pénibles les devoirs qu’elle impose ; souvent d’ailleurs on court risque de blesser les grands personnages. Ces raisons font impression sur le maître, qui prend son parti sans rien dire. Il feint de consentir au mariage, d’accepter la charge ; seulement il demande la permission de faire un voyage à Rome. Son père est enchanté ; Meneghino se désespère ; il ne conçoit pas qu’on puisse vivre loin de Milan. Fabio part ; mais à la dernière scène son père reçoit une lettre : Fabio s’est fait capucin pour échapper aux tracasseries de ce monde. À cette nouvelle, Meneghino est saisi d’une profonde surprise, et pour la première fois il s’abstient de blâmer la résolution de son maître.

Fabio et le fils de Mme Quinzia s’expriment en italien, Mme Quinzia parle un baragouin qui n’est ni italien ni milanais ; c’est un milanais de son invention, le langage des dames de qualité. La demoiselle ne paraît pas sur la scène, elle est censée être au couvent ; on ne la connaît que par les bavardages de Tarlesca, la servante des nonnes, toujours en course pour les fantaisies de ses maîtresses, et toujours préoccupée des prodiges de la loterie.

La seconde pièce de Maggi a pour titre le Baron de Birbanza. Une famille est sur le point de stipuler un mauvais mariage, le baron déploie une foule de ruses pour se faire croire riche ; mais il est démasqué, et le mariage n’a pas lieu. Cette pièce est surchargée d’épisodes. Un docteur Gratien qui parle bolonais, un Génois et d’autres personnages grotesques viennent compliquer l’intrigue ; Meneghino, encore plus niais qu’à l’ordinaire, est dupe de tout le monde. Malheureusement, les aventures qui font le sujet de cette comédie se succèdent sans être unies par un lien commun, ni groupées autour d’un véritable dénouement. — Le Moindre des Maux est le titre de la troisième pièce de Maggi ; on y voit une jolie veuve entourée de prétendans, elle n’en repousse aucun, les reçoit, les examine, puis elle entre au monastère pour s’épargner l’embarras du choix. — Le Tartufe de Molière a fourni le sujet de la dernière comédie, intitulée : le Faux Philosophe. Ici Maggi a sottement défiguré le chef d’œuvre français, en attribuant à la philosophie le rôle du jésuitisme.

Ces pièces, sans mouvement et sans dénouement, rendent toutefois, il faut le reconnaître, avec beaucoup de vérité les mœurs bourgeoises de la Lombardie espagnole ; l’amour du quieto vivere est la seule passion mise en scène par Maggi. Mme Quinzia, Tarlesca, Meneghino, sont les types qu’il affectionne. La partie italienne de ses comédies, constamment mauvaise, en gâte l’harmonie ; les personnages italiens sont gauchement dessinés ; ils ne se mêlent pas bien avec les personnages choisis dans la société milanaise ; ce sont des trouble-fête ; tout le travail des intrigues consiste à les chasser. Cependant les comédies de Maggi ne peuvent se passer des personnages italiens ; les caricatures locales ne sont ni assez nombreuses, ni assez, développées pour animer seules le théâtre.