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LES MISSISSIPIENS.

JULIE.

Laissez-moi.

SAMUEL.

Là, là, je ne vous regarde seulement pas. Quelle mouche vous pique ?

JULIE.

Mais pourquoi m’enfermez-vous ainsi ? Nous n’avons rien à nous dire.

SAMUEL.

Si fait, si fait, nous avons à causer.

JULIE.

Je n’y suis nullement disposée.

SAMUEL.

Je suis sûr que vous l’êtes au contraire, et que le nom seul de la personne dont j’ai à vous entretenir va vous donner de l’attention.

JULIE.

Que voulez-vous dire ?

SAMUEL, lui offrant toujours la chaise.

Asseyez-vous.

JULIE.

Non, dites tout de suite, je ne m’assoierai pas.

SAMUEL, s’asseyant.

À votre aise ! quant à moi, j’ai tant couru ces jours-ci pour vos cadeaux de noces, que je n’en puis plus.

JULIE, à part.

Oh ! quel supplice !…

SAMUEL.

Vous avez un parent qui vous intéresse ?

JULIE, troublée.

J’en ai plusieurs, ma famille est nombreuse, et, quoique pauvre, elle est encore puissante, monsieur.

SAMUEL.

Je le sais, c’est à cause de cela que j’ai voulu en faire partie ; ainsi donc vous avez, c’est-à-dire, nous avons un cousin.

JULIE, tremblante.

Eh bien ! que vous importe ?

SAMUEL.

Il m’importe beaucoup, parce que premièrement il est mon parent, et qu’en second lieu il est mon débiteur.

JULIE.

Votre débiteur ?

SAMUEL tire des papiers de sa poche et les déroule lentement.

Il a eu le malheur d’emprunter, du vivant de M. le baron de Puymonfort son père, qui ne lui donnait pas beaucoup d’argent (et pour cause), la somme de quatre cents et tant de louis à un capitaliste de mes amis, lequel m’a cédé sa créance pour se libérer envers moi d’une somme égale…