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avec tous ceux qui ont une autre politique que la haine, qui ne résument pas toute la science de l’homme d’état dans la rancune.

C’est là la base large et solide qu’il faut établir ; nous ne disons pas au profit personnel de tel ou tel homme, de tel ou tel cabinet, mais au profit de tous, au profit de la dynastie, de la liberté, du pays.

Au reste, malgré les fautes et les passions des hommes, et nul ne peut prétendre d’échapper à tout reproche, la force même des choses accomplira ce travail et consolidera la nouvelle majorité.

Le parti radical y aide en absorbant quelques notabilités de la gauche, en se donnant dans la chambre une organisation plus forte, une attitude plus redoutable.

Les chambres ont continué à s’occuper avec zèle des affaires du pays, sans pouvoir cependant réparer complètement le temps perdu en vains débats politiques. Nous aurons enfin des chemins de fer. Le gouvernement, fortement et habilement secondé par MM. de Beaumont et Duvergier de Hauranne, ainsi que par M. Duchâtel, qui a retrouvé dans une discussion d’affaires, sur le terrain qu’il n’aurait jamais dû quitter, toute sa capacité et son incontestable puissance ; le gouvernement, dis-je, a triomphé des préjugés, des antipathies, des accusations, qu’on avait habilement suscités contre ces utiles entreprises, et surtout contre celle dont l’administration et la conduite étaient le plus à l’abri de tout soupçon et de tout reproche.

La chambre des pairs a discuté avec soin et non sans quelque vivacité une loi fort importante, bien qu’elle ne préoccupe guère la pensée publique. Nous voulons parler de la loi relative au monopole du sel. Chose rare ! le gouvernement proposait le retour au droit commun ; la majorité de la commission voulait lui imposer le monopole. La question a été fort habilement débattue, contre le ministère, par MM. d’Audiffret et Cordier, et pour le ministère, par M. le garde-des-sceaux et par MM. Mounier et Gasparin.

La chambre a adopté le projet du gouvernement.

Parmi les travaux du ministère, il faut mettre au premier rang les traités de commerce qu’il est sur le point de conclure, entre autres avec l’Angleterre. M. Thiers aura rendu un grand service au pays et pour la chose en elle-même, puisque nous ne doutons pas que les intérêts bien entendus de la France n’y trouvent toutes les garanties désirables, et pour le précédent qu’il aura établi, et qui sera, nous l’espérons, le précurseur d’autres négociations commerciales non moins importantes. L’industrie et l’agriculture françaises ont besoin de débouchés et d’échanges, et il est temps que notre commerce maritime sorte de ses proportions si chétives, et se mette au niveau de la grandeur et de la puissance du pays : résultat impossible tant que nous ne serons, en fait de commerce, que des Chinois ne voulant trafiquer qu’avec nous-mêmes, tant que nous aurons l’étrange prétention de vendre toujours sans jamais acheter.

Espérons que les chambres donneront au gouvernement le pouvoir de mettre à exécution ces traités dans l’intervalle des sessions par voie d’ordonnance. M. Thiers en a fait la demande indirecte à la chambre des députés. Comme