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LES SCIENCES EN FRANCE.

se sont établis à Paris ont perdu leur titre ; car, d’abord un règlement quelconque ne doit pas avoir d’effet rétroactif, et puis, être correspondant de l’Institut est un titre d’honneur, non une place qu’on puisse perdre par un changement de domicile. L’Académie des Sciences, en cela, se montre plus favorable aux correspondans, et l’on ne comprend pas que, dans des questions si graves, les règlemens des diverses académies de l’Institut puissent offrir de telles anomalies.

Je ne quitterai pas ce sujet, monsieur, sans ajouter un mot sur une particularité assez singulière que présentent les sections de chimie et de physique dans leurs correspondans. Une décision, qui date de l’année 1827, a diminué le nombre des correspondans dans la section de chimie, en vue d’augmenter celui des correspondans pour la physique. Or, depuis long-temps il y a une place vacante. La physique ne semble pas empressée d’en profiter, la chimie ne saurait reprendre la place qu’on lui a enlevée, et il en résulte qu’au grand étonnement des savans, des chimistes tels, par exemple, que Liebig en Allemagne, Graham en Angleterre, Balard à Montpellier, ne sont pas correspondans de l’Institut et risquent d’attendre long-temps avant de le devenir. Cette question des correspondans est, pour l’Académie des Sciences, plus importante qu’on ne le pense. En laissant, comme elle le fait depuis long-temps, plusieurs places vacantes dans différentes sections, l’Académie pourrait faire supposer, bien à tort sans doute, qu’elle ne s’intéresse pas assez au progrès des sciences en Europe et qu’elle ne suit pas toujours d’un œil assez attentif les travaux des savans étrangers. Je crois qu’il est urgent qu’elle se complète dans ses correspondans et qu’elle ne laisse jamais de telles places sans les remplir.

Mais pour faire les meilleurs choix, pour dresser même les listes de présentation sur lesquelles il est déjà si honorable de figurer, il faut que l’on se tienne toujours au courant des travaux qui se font à l’étranger. Or, pour cela, il ne suffit pas que, dans la bibliothèque de l’Institut, qui est parfaitement administrée, on trouve tous les ouvrages importans qui se publient en France et au dehors ; il faut aussi que ces ouvrages soient lus et connus de tous les membres. Or, comment espérer que nos chimistes, que nos physiciens, absorbés dans leurs profondes méditations et détournés par mille occupations diverses, auront le temps d’étudier toutes les langues de l’Europe pour lire ces ouvrages ? Le même homme pourra-t-il étudier à la fois, par exemple, les recherches que M. Melloni publie en italien sur la