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Quoi qu’il en soit, il est plus que probable que la loi sera rejetée, ce qui peut amener sur le marché des rentes de vives oscillations, et ensuite de fâcheuses perturbations ; car ce serait un rêve que d’imaginer que la question va disparaître à jamais de notre arène politique Elle se représentera, et nul ne peut dire dans quelles circonstances, avec quelles conditions. Aussi espérons-nous que les rentiers paisibles, que ceux qui achètent des fonds publics, non pour tenter des coups de bourse, mais pour trouver un placement stable et sûr de leurs capitaux, ne se laisseront pas entraîner à seconder, par leurs achats, le mouvement ascendant qui peut être imprimé à la rente. S’il paraît dur d’être remboursé lorsque la rente est à 110 ou à 112, il serait plus dur encore de recevoir 100 lorsqu’on aurait acheté à 115 ou à 120. Et cependant, s’il est évident, pour beaucoup d’esprits, que l’état doit rembourser ou convertir lorsque la rente est à 110, cette évidence serait bien plus frappante encore pour ces esprits lorsque la rente aurait atteint le prix de 120 fr.

En Algérie, tout marche aussi bien et aussi rapidement qu’on pouvait l’espérer dans une guerre de cette nature. Les détails nous manquent, mais l’ennemi paraît avoir payé chèrement ses tentatives audacieuses sur Alger. Le duc d’Aumale a fait ses premières armes en alliant au courage bouillant de la jeunesse le sang-froid d’un vieux soldat.

La réponse de l’Angleterre, au sujet des restes mortels de l’empereur, prouve à elle seule combien le pays a le droit de se féliciter de l’état de nos relations extérieures. C’est l’amitié de la France qu’on désire, ce sont les liens des deux puissantes nations de l’Occident qu’on veut consolider et rendre de plus en plus intimes et indissolubles.

La médiation de la France, acceptée par le gouvernement britannique et le roi des Deux-Siciles, témoigne également de l’excellente attitude que le cabinet actuel a su prendre en Europe, et de l’influence que nous pouvons exercer dans les transactions diplomatiques. Par un effet du temps nécessaire pour parcourir les distances, les offres de médiation de la France, déjà acceptées par l’Angleterre, arrivaient à Naples, au moment où l’amiral anglais, exécutant les ordres de son gouvernement, capturait les navires napolitains à l’entrée de la baie. Le roi de Naples pouvait voir de ses propres yeux ces actes d’hostilités à l’heure même et du palais où il recevait les communications pacifiques du chargé d’affaires de France, M. d’Haussonville, dont l’active habileté a eu, dit-on, à vaincre, en cette circonstance, des obstacles de plus d’une nature. On nous assure qu’un cabinet, allié de la cour de Naples, désirant écarter la médiation de la France, avait tenté quelques démarches pour faire intervenir le saint-père, dont la parole est puissante sur l’esprit du roi des Deux-Siciles. Le représentant du cabinet auquel nous faisons allusion, n’a pas été assez réservé : quelques expressions d’une satisfaction prématurée, connues du roi de Naples, le déterminèrent à accepter la médiation. Il est juste d’ajouter que le nonce du saint-siége à Naples, jeune prélat de l’esprit le plus distingué, loin de seconder les efforts qu’on tentait à Rome pour écarter la médiation de la France, a contribué de son crédit à la faire accepter.