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MORT
DU
COMTE D’ESPAGNE.[1]

La convention de Bergara et l’entrée de don Carlos en France avaient mis fin à la guerre civile dans les provinces basques, mais il n’en était pas de même dans le reste de l’Espagne. L’insurrection était encore debout en Aragon et en Catalogne. Au lieu de s’éteindre, la fureur du parti s’exalta au contraire dans ces deux provinces par la pacification de la Navarre. Un long cri de trahison courut de Berga à Morella. En Aragon, tous les ressentimens se groupèrent avec plus d’ardeur que jamais autour du chef qui s’était toujours montré le plus irréconciliable et le plus cruel, Cabrera ; en Catalogne, ces mêmes ressentimens éclatèrent de la manière la plus inattendue et la plus inexplicable en apparence, par la déposition et l’assassinat du capitaine général pour Charles V, le terrible comte d’Espagne.

Pour bien comprendre cet épisode aussi bizarre qu’effrayant de la guerre civile espagnole, il importe de se faire une idée nette de la situation sociale de la Catalogne et de la position du comte d’Espagne dans ce pays. La Catalogne est, par sa capitale, Barcelonne, la partie la plus riche et la plus éclairée de l’Espagne ; mais elle est en même temps, par ses montagnes, la partie la plus ignorante et la plus fana-

  1. Ce récit, qui contient les révélations les plus authentiques sur la mort si mystérieuse et si tragique du célèbre comte d’Espagne, sera suivi d’autres documens sur la guerre civile en Espagne de 1834 à 1840, et sur les principaux chefs des deux partis.