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PERCIER.
SA VIE ET SES OUVRAGES.

C’est le privilége de quelques hommes rares, de s’identifier tellement avec l’art qu’ils cultivent, et qu’ils honorent en le cultivant, que leur nom devient l’expression de toute une école, la propriété de tout un pays et la gloire de toute une époque. Tel fut Charles Percier, et ce peu de mots suffiraient déjà à son éloge, surtout si j’ajoutais qu’il fut placé, comme architecte, au même rang que David, comme peintre, dans l’estime de leurs contemporains ; si je disais enfin, pour exprimer d’un seul mot tout son mérite, qu’architecte du consulat et de l’empire, il fut à la hauteur de son emploi et de son époque. Mais si Charles Percier fut un de ces hommes qu’on peut louer en le nommant, parce que leur nom rappelle à l’esprit ce qui caractérise toute une forme de l’art, il est de ceux aussi qu’on ne peut louer suffisamment, ni par le détail de leurs travaux, ni par la liste de leurs élèves, qui font aussi partie de leurs ouvrages, parce qu’il y a encore, dans l’influence qu’exerce un homme supérieur, quelque chose qui ne tient pas seulement au talent et au caractère, quelque chose qui est dans la position et dans la personne même, et qui se refuse à l’analyse. Je ne puis donc espérer que ce que j’ai à dire de ce grand artiste satisfasse complètement ceux qui l’ont connu ; et pour