extérieures, comme toutes les maisons de Maroc, à peine lui permet-on de visiter rapidement certains quartiers. L’accès des mosquées, la vue des forteresses, l’examen des batteries, lui sont interdits. On traite avec la même rigueur les chrétiens renégats, nombreux dans cet empire, ceux surtout dont on redoute l’intelligence et les lumières. Ce n’est donc pas tant, selon nous, le fanatisme mauresque qui repousse les chrétiens de l’empire, que l’ombrageuse jalousie du gouvernement et du haut commerce. On assure que Davidson, massacré à douze ou quinze journées de Tombouctou, et pour qui la recommandation du sultan aurait pu être un sauf-conduit respecté jusqu’au terme de son voyage, fut sacrifié aux jalousies meurtrières des commerçans de Fez.
Tels sont les remparts qui s’élèvent entre le singulier peuple dont je m’occupe et la curiosité du voyageur. Une position exceptionnelle m’a permis, non de les dompter, mais de les abaisser quelquefois. Pendant cinq années de séjour au Maroc, j’ai parcouru à plusieurs reprises la côte et quelques provinces de l’intérieur, entretenu des rapports suivis avec le sultan, sa famille, ses officiers et les derniers de ses sujets ; mêlé aux maîtres et aux esclaves, aujourd’hui hôte de la ville, demain hôte du douar, mon observation expérimentale s’est exercée, moyennant quelques tasses de thé, sur les farouches montagnards de l’Atlas, les hommes les plus sauvages du monde. J’offre aujourd’hui aux philosophes et aux hommes d’état les résultats de cette exploration patiente ; renseignemens nombreux, dont la connaissance pourrait aider à la solution d’une des questions les plus graves qui embarrassent notre politique, la question d’Alger.
L’empire de Maroc, nommé par les Arabes Mogh’reb-oul-Akssa, ou l’extrême occident, embrasse un territoire de 220 lieues de longueur sur 150 de largeur. Plus vaste que l’Espagne, sa superficie est de 24,379 lieues carrées. Il a 300 lieues de côtes, dont 200 sur l’Atlantique, et à peu près 100 sur la Méditerranée. La chaîne principale de l’Atlas court du sud-ouest au nord-est, depuis la province de Blad-Noun, aux confins du désert, où elle se termine dans l’Océan, jusqu’à la province de Garet, que baigne la Méditerranée. Entre ces deux limites, entre la mer et l’Atlas, s’étend la zône de deux cent vingt lieues environ de longueur qui forme l’empire de Maroc. Depuis le